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instantanément. En ajoutant aux deux bouts du fil induit, de gros fils de cuivre dont on rapproche les extrémités, on obtient un jet presque continu d’étincelles d’un blanc éclatant, qui forment un faisceau de trois ou quatre traits de feu sinueux et sans cesse agités. On peut obtenir des étincelles qui ont 35 centimètres de longueur.

M. Foucault a eu l’idée de former une batterie de plusieurs machines d’induction réunies. On obtient ainsi des effets extraordinaires. Les torrents d’électricité fournis par ces machines, chargent, dans l’espace d’une minute, une forte batterie de bouteilles de Leyde, qu’on essaierait en vain de charger avec la machine à frottement, et auprès de laquelle cette dernière jouerait le rôle d’un petit ruisseau qui devrait remplir un lac.

Avec l’étincelle de sa batterie d’induction, M. Ruhmkorff perce facilement des blocs de verre d’un décimètre d’épaisseur. Les détonations produisent un bruit aussi fort que des coups de pistolet. L’étincelle de cette batterie enflamme les corps combustibles, fond les métaux et les terres les plus réfractaires. Elle produit en un mot, tous les effets de la foudre dans une miniature déjà très-respectable.

Les effets chimiques de l’étincelle d’induction ne sont pas moins intéressants. Avec la machine électrique à plateau de verre, on n’arrivait pas à opérer avec succès sur des composés gazeux. Avec la bobine d’induction, au contraire, M. Perrot a pu décomposer les vapeurs d’eau, d’alcool, d’éther, d’acide acétique. Il a pu décomposer le gaz ammoniac, et même le gaz acide carbonique, qu’aucune action chimique, si ce n’est la lumière dans les plantes, n’avait encore décomposé.

MM. Frémy et Ed. Becquerel ayant fait passer un courant d’étincelles de la machine de Ruhmkorff dans un tube rempli d’air, l’ont vu se remplir de vapeurs rutilantes d’acide hypo-azotique, provenant de la combinaison de l’azote et de l’oxygène de l’air.

Considérée sous le point de vue physique, l’étincelle d’induction diffère de l’étincelle électrique ordinaire. Tandis que celle-ci est formée d’un simple trait lumineux, l’étincelle fournie par la machine de Ruhmkorff se compose de deux parties distinctes : un trait de feu instantané et une auréole ovoïde, dont la durée est mesurable. Cette auréole, toujours agitée, présente une couleur rouge orangé, avec teinte verdâtre du côté du pôle positif ; elle est indépendante du trait brillant. L’attraction de l’aimant la dévie. Un souffle ou un corps en mouvement, l’entraînent ; et elle forme alors une large nappe de feu, de couleur violette et sillonnée d’éclairs ; elle ressemble à une flamme poussée par le vent.

M. du Moncel, qui a fait beaucoup d’expériences sur l’étincelle de la machine d’induction, a fait entre autres la suivante.

Il applique sur les faces extérieures de deux lames de verre séparées par une couche d’air de 2 millimètres, des plaques d’étain, en rapport avec le fil induit de la machine de Ruhmkorff. On voit alors, dans l’obscurité, une pluie lumineuse, de teinte bleue, entre les deux lames de verre. Si l’une des plaques est plus petite que l’autre, elle se détache en noir sur une belle auréole de lumière bleue.

Quand on fait partir l’étincelle d’induction au milieu d’un espace vide ou rempli d’un gaz, elle produit des apparences vraiment magiques à l’œil.

Si l’on fait le vide dans le petit ballon de verre qui est désigné par les physiciens sous le nom d’œuf électrique, et qui n’est qu’un vase de verre de forme ovoïde, on voit se produire deux lumières différentes ; l’une, violette, enveloppe la boule et la tige par laquelle arrive l’électricité négative ; l’autre, d’un rouge de feu, semble adhérer à la boule positive et forme une sorte de corps ovale qui s’étend vers l’autre boule (fig. 396). Si l’on fait communiquer une seule des boules avec le fil induit, on peut dévier cette