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Reinhold, physiciens allemands, qui s’appliquèrent à développer les idées de Jæger.

Le professeur Ermann de Berlin, dans la théorie particulière qu’il formula, inclinait, plus que les précédents, vers la théorie du contact. Mais la théorie la plus satisfaisante de la distribution et de l’équilibre de l’électricité dans la pile de Volta a été donnée par le professeur Joseph Prechtl de Vienne.

C’est vers l’année 1835 qu’une période toute nouvelle s’ouvrit pour l’explication théorique des effets de la pile de Volta. Malgré les beaux travaux de Ohm et de Fechner, qui, en donnant à la théorie du contact une base mathématique, semblaient avoir décidé dans ce dernier sens cette question tant discutée, il se rencontra, à cette époque, d’habiles et profonds observateurs, qui, reprenant à de nouveaux points de vue la théorie chimique, assirent cette théorie sur des bases désormais inébranlables. M. Auguste de La Rive, qui, pendant vingt années consécutives, n’a cessé de s’occuper de cette grande question, est le premier fondateur de la théorie chimique actuellement adoptée pour l’explication des effets de la pile de Volta. Ne pouvant entrer dans les détails des expériences si nombreuses et si variées qui ont été exécutées par cet habile physicien, depuis l’année 1835 jusqu’à notre époque, nous nous contenterons de dire que, par l’ensemble de ses recherches, le savant physicien de Genève a donné le premier l’explication rationnelle des phénomènes de la pile en les interprétant par la seule considération des effets chimiques.

Après M. de La Rive, M. Faraday, de Londres, a été le véritable créateur de la théorie chimique de la pile, professée aujourd’hui par tous les physiciens presque sans exception. Grâce à une très-longue série de travaux, aussi remarquables par la précision et la méthode expérimentale que par la force du raisonnement, M. Faraday a complétement réfuté la théorie du contact métallique, et donné en même temps une démonstration définitive de la théorie chimique. Les divers travaux de M. Faraday sur cette question sont renfermés dans un nombre considérable de mémoires, ou plutôt de notes de peu d’étendue, dans lesquels ce physicien a consigné la description et le résultat de ses expériences au fur et à mesure qu’il les exécutait. Mais on trouve un exposé de l’ensemble de ses recherches sur cette question dans un grand mémoire sur l’origine du pouvoir de la pile voltaïque, publié par lui en 1841, dans les Archives de l’électricité, recueil qui a paru à Genève pendant plusieurs années sous la direction de M. de La Rive[1].

M. Faraday démontre dans ce travail les propositions suivantes :

1o L’action chimique dégage de l’électricité.

2o Le courant s’établit au moment où l’action chimique commence, et dure aussi longtemps qu’elle.

3o Le courant s’affaiblit toutes les fois que l’intensité de l’action chimique diminue ; il s’arrête au moment où l’action chimique est suspendue.

4o Le sens du courant change en même temps que le sens de l’action chimique.

5o Toute variation survenue dans l’intensité, ou le sens de l’action chimique, s’accompagne nécessairement d’une variation correspondante dans l’intensité, ou le sens du courant.

6o En l’absence d’action chimique, le couple voltaïque ne fournit pas de courant.

7o Le seul contact des métaux ne peut développer de phénomènes électriques.

Nous allons faire connaître les principales expériences sur lesquelles M. Faraday s’appuie pour démontrer la vérité des propositions fondamentales que nous venons d’énoncer, et qui établissent d’une manière irréfutable que le contact des métaux hétérogènes n’est pour rien dans les phénomènes de la pile voltaïque, et que toute l’électricité qui

  1. Tome I, pages 93 et 342.