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Selon Volta, les métaux ne sont pas les seuls corps qui puissent devenir le siége d’une force électromotrice. Tous les corps conducteurs de l’électricité sont dans le même cas ; il suffit de mettre en contact deux substances de nature hétérogène pour que la force électromotrice se développe à leur surface de séparation, et qu’elles se chargent chacune d’une électricité opposée[1].

D’après cela, si l’on prend une lame métallique formée d’un morceau de zinc et d’un morceau de cuivre soudés, qu’on la courbe sous forme d’arc, et que l’on plonge ses deux extrémités dans de l’eau acidulée par de l’acide sulfurique, voici ce qui doit se passer selon les principes de Volta.

Fig. 371. — Arc métallique de Volta (cuivre et zinc).

L’arc métallique plongé dans le liquide acide étant formé de deux métaux réunis, la force électromotrice prend naissance à leur surface de séparation. La lame de zinc reçoit l’électricité positive, la lame de cuivre l’électricité négative. Mais les extrémités de la lame métallique hétérogène plongent dans un liquide conducteur et imparfait électromoteur. En raison de sa conductibilité, ce liquide établit une communication entre les deux extrémités de l’arc métallique ; par conséquent, l’électricité positive du zinc et l’électricité négative du cuivre se recombinent à travers le liquide et forment du fluide naturel. À mesure que les deux électricités opposées se combinent au sein du liquide, la force électromotrice, continuant de s’exercer au contact des métaux, en reproduit sans cesse de nouvelles quantités, de telle sorte qu’il existe dans ce couple métallique un courant continuel d’électricité, dirigé du cuivre au zinc dans la lame métallique, et du zinc au cuivre à travers le liquide.

Ainsi, dans la théorie de Volta, le couple électrique se réduisait à l’assemblage de deux métaux mis en contact. Le liquide dans lequel l’arc métallique était plongé ne remplissait d’autre office que celui de conducteur ; c’était seulement un moyen d’établir la communication entre les deux éléments du couple métallique, et de permettre la circulation, sous forme de courant, de l’électricité engendrée par la force électromotrice.

Mais le courant d’électricité émané d’un couple métallique avait nécessairement peu d’intensité. En réunissant une série de couples semblables séparés par un conducteur humide, c’est-à-dire en composant l’assemblage de couples métalliques et de corps conducteurs qui composent la pile à colonne, Volta augmentait l’intensité électrique proportionnellement au nombre des couples employés.

Pour démontrer le fait du développement de l’électricité par le simple contact de deux corps, Volta faisait cette expérience fondamentale, dont nous avons déjà parlé bien des fois et qu’il importe de décrire ici avec plus de détail.

Il prenait une tige métallique CZ, composée de deux morceaux de cuivre et de zinc, soudés, et la tenant entre les doigts par l’extrémité zinc, il appliquait l’extrémité cuivre sur le plateau supérieur d’un électroscope condensateur à feuilles d’or E, dont les deux plateaux étaient de cuivre. En même temps,

  1. Volta avait divisé en deux grandes classes tous les corps conducteurs, sous le rapport de l’intensité des effets que peut y développer la force électromotrice. La première classe, corps conducteurs parfaits électromoteurs, comprenait tous les métaux et le charbon calciné. La deuxième classe, corps conducteurs imparfaits électromoteurs, comprenait les liquides tels que l’eau pure, les dissolutions acides, alcalines, salines, etc. D’après Volta, la force électromotrice développée à la surface de contact de deux corps de la seconde classe, ou d’un corps de la seconde classe et d’un métal, est extrêmement faible. Cette force est négligeable par rapport à celle qui prend naissance au contact de deux corps appartenant à la première classe.