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sert à concentrer les rayons calorifiques sur la surface de la pile.

Combinée avec le galvanomètre, la pile de Nobili, sous le nom de thermo-multiplicateur, est devenue, entre les mains de Melloni, l’appareil thermométrique le plus sensible que l’on connaisse.

Nous disions plus haut que l’on n’avait pu jusqu’à ces derniers temps tirer parti des piles thermo-électriques, comme source d’électricité ; cependant, on est parvenu, en 1865, à ce point de vue à réhabiliter la pile thermo-électrique. M. Bunsen a découvert que la pyrite de cuivre se place, dans l’échelle des substances thermo-électriques, bien au-dessus du bismuth. Si donc on associe une lame de pyrite avec un alliage de deux parties d’antimoine et une partie d’étain, ou bien, avec du cuivre simplement, on obtient des courants électriques d’une intensité très-remarquable.

M. E. Becquerel a montré, de son côté, que le sulfure de bismuth est beaucoup plus fortement négatif que le bismuth lui-même, et que le protosulfure de cuivre est fortement positif.

D’après les indications de M. Becquerel, M. Ruhmkorff a construit une pile thermo-électrique de dix éléments, formés chacun, d’un cylindre de sulfure de cuivre fondu de 0m,10 de longueur sur 0m,01 d’épaisseur, portant un fil de cuivre rouge enroulé à chaque extrémité. Cette petite pile a donné, par une élévation de température de 300 à 400°, une force électro-motrice égale à celle d’un couple de Daniell à sulfate de cuivre, tel qu’il va être décrit plus loin.

Enfin, M. Marcus, ingénieur à Vienne, a construit en 1865, des piles thermo-électriques très-puissantes, avec des barreaux de différents alliages dont le prix est peu élevé, tels que l’argentan, certains alliages de cuivre et de zinc, de zinc et d’antimoine, etc. On chauffe ces piles au moyen d’un petit fourneau. Vingt éléments représentent la puissance d’un élément de Daniell.

L’Académie des sciences de Vienne s’est empressée d’accorder à M. Marcus une somme de 2 500 florins (6 000 francs) pour l’engager à abandonner sa découverte au domaine public, et elle a publié dans ses Comptes-rendus la description détaillée de la nouvelle pile[1].

Si l’on arrive, en suivant cette voie, à des résultats plus favorables encore, les piles thermo-électriques remplaceront peut-être, dans quelques-unes de leurs applications, les piles ordinaires, sur lesquelles elles ont l’avantage d’une simplicité et d’une propreté qui ne laissent rien à désirer. La chaleur d’un fourneau deviendrait ainsi une source d’électricité, qui, à son tour, se transformerait en chaleur et en lumière.

La découverte de l’électro-magnétisme et celle de l’électricité d’induction ont ouvert à la science de l’électricité une période nouvelle, qui s’étend jusqu’à notre époque et se continuera après nous. Avant d’arriver à l’étude de ce dernier et grand sujet, il nous reste à donner la description des formes diverses que la pile voltaïque a reçues jusqu’à ce jour, et à traiter la question de la théorie de cet appareil.



CHAPITRE VII

formes diverses de la pile. — piles à un seul liquide : pile à colonne, pile à couronne de tasses, pile à auges, pile de wollaston et pile en hélice. — piles à deux liquides : pile de daniell, pile de grove et de bunsen.

Nous ferons d’abord connaître les formes diverses qu’a reçues la pile voltaïque et celles qui sont actuellement en usage.

  1. Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaften. Wien, Marz 1865, in-8o, s. 280.