Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/680

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien supérieur en surface au métal positif. Cette expérience fit penser à Wollaston, que dans toutes les piles en général, il fallait, pour obtenir les plus grands effets calorifiques, donner le plus d’étendue possible à l’élément positif. C’est depuis cette époque, et d’après les indications de Wollaston, que l’on a construit presque toutes les piles, en entourant chaque plaque de zinc d’une enveloppe de cuivre mise en communication avec la plaque de zinc suivante. Cette modification a rendu ces appareils beaucoup plus puissants, principalement pour la production des phénomènes de chaleur et de lumière.

C’est en appliquant cette même idée que le physicien américain Robert Hare construisit bientôt après les piles en hélice, qui permettent de donner au couple métallique une surface énorme, dans le plus petit espace possible, et de diminuer ainsi la dépense du liquide acide, qui est très-grande dans les piles à auges.

Les piles en hélice, dont nous donnerons, dans le chapitre qui va suivre, une description plus complète, se composent essentiellement de longues bandes de zinc et de cuivre laminées, attachées chacune par un bout, et séparées de distance en distance par de petits morceaux de bois. On forme ainsi un couple dont les deux éléments, isolés l’un de l’autre, ont chacun cinquante ou soixante pieds de surface. Chaque élément plonge dans un seau de bois, contenant le liquide acide.

C’est aussi à la même époque qu’appartient la construction définitive des piles sèches, que Zamboni, professeur à Vérone, étudia avec soin, en 1810.

On nomme assez improprement piles sèches celles dans lesquelles le liquide acide est remplacé par un corps solide, légèrement humide. Cependant Zamboni n’est point, comme on l’a dit, le véritable inventeur des piles sèches ; c’est à un physicien de Genève, Deluc, qu’appartient cette découverte. En 1809, Deluc avait présenté à la Société royale de Londres une pile à colonne, composée de trois cents disques de zinc et de trois cents disques de papier doré d’un seul côté, entassés les uns au-dessus des autres dans un tube de verre. En 1812, Zamboni fit connaître la manière de construire les piles sèches, qui est généralement adoptée aujourd’hui, et qui consiste à entasser et à presser fortement l’un contre l’autre des milliers de disques de papier un peu fort, dont une surface est étamée et l’autre recouverte d’une couche très-mince d’oxyde de manganèse en poudre, mêlée avec de la farine et du lait[1]. Mais cette disposition de l’instrument n’était qu’une modification très-simple de la méthode de Deluc, qui doit être considéré comme le véritable inventeur des piles sèches[2].

On s’occupa beaucoup, à la suite des mémoires publiés sur ce sujet par Zamboni, des piles sèches et de leurs effets. Les piles sèches manifestent à leurs pôles, une tension assez grande ; mais elles ne produisent qu’un courant insignifiant. En les construisant avec de grandes feuilles de papier, Delezenne a pu, de nos jours, notablement augmenter leur intensité. Mais il a constaté, en même temps, que ces piles ne fonctionnent que lorsque le papier conserve un peu d’humidité empruntée à l’atmosphère, et qu’elles deviennent inactives au bout de quelques années,

  1. Note historique sur les piles sèches (Annales de chimie et de physique, t. XI, p. 190).
  2. Déjà, en 1801, Hachette et Desormes avaient fait connaître un appareil du même genre, dans la vue de simplifier la construction de la pile à colonne, ou plutôt pour essayer de confirmer le principe du développement de l’électricité par le simple contact et sans l’emploi d’aucun conducteur humide. Ils avaient remplacé dans la colonne de Volta, le liquide interposé entre les couples, par des couches de colle d’amidon ; mais cette combinaison était trop influencée par l’humidité pour pouvoir être regardée comme une pile sèche. Deluc est donc le véritable inventeur des piles sèches.