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plus ou moins grande du liquide dont elle est chargée. Ils analysèrent aussi avec beaucoup de soin plusieurs autres circonstances physiques ou chimiques, qui influent sur la manifestation des phénomènes chimiques de la pile, et confirmèrent les résultats obtenus par Davy sur la décomposition des alcalis et des terres, en employant des procédés d’une nature différente.

Fig. 344. — Thénard.

C’est à Gay-Lussac et à Thénard que l’on doit la découverte du procédé de préparation du potassium et du sodium par l’action du charbon sur le carbonate de potasse ou de soude, méthode qui permit d’obtenir pour la première fois, en proportions notables, ces curieux métaux qu’on n’avait pu se procurer jusque-là qu’en très-petite quantité par l’action de la pile.

Pendant que l’on construisait à Paris, par l’ordre de Napoléon, la grande batterie de l’École polytechnique, les directeurs de l’Institution royale de Londres, dans un noble but de rivalité scientifique, profitèrent de cette circonstance pour stimuler le zèle de leurs concitoyens. La pile qui avait servi à Davy à exécuter ses nombreuses expériences s’était complétement usée entre ses mains par l’action prolongée des acides, et se trouvait hors de service. On ouvrit une souscription pour la remplacer : « Les recherches électro-chimiques, écrivaient les directeurs de l’Institution royale, ont pris naissance dans notre pays ; ce serait un déshonneur pour une nation si puissante et si riche que, faute d’assistance pécuniaire, elles allassent se compléter ailleurs. » La liste de souscription fut promptement remplie, et Davy se vit bientôt en possession de la plus belle batterie que l’on eût encore vue. C’était une pile de Wollaston.

Fig. 345. — L’un des 200 groupes composant la pile Wollaston construite pour Davy, à l’Institution royale de Londres.

« La plus puissante combinaison qui existe, disait-il en 1812 dans ses Éléments de philosophie chimique, dans laquelle le nombre des couples est combiné avec l’étendue de surface, est celle qui fut donnée au laboratoire de l’Institution royale par un petit nombre de zélés patrons de la science. Elle se compose de deux cents groupes joints ensemble dans un ordre régulier, composés chacun de dix doubles plaques placées dans des auges de porcelaine, chaque plaque contenant trente-deux pouces carrés ; ainsi le nombre total des couples métalliques est de deux mille, et la totalité de la surface est de cent vingt-huit mille pouces carrés. »