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azotique, et alors même que l’ammoniaque ne continuait pas à se produire, la quantité d’acide devenait à ce pôle de plus en plus considérable. Davy comprit dès lors que les éléments de l’eau et ceux de l’air atmosphérique prenaient à la fois part à la réaction, et il expliqua la formation continue d’acide azotique, même quand l’ammoniaque ne se montrait plus, au moyen de ce fait découvert par Priestley, que dans l’eau aérée, un courant de gaz hydrogène chasse l’azote de sa dissolution dans l’eau, en y laissant coexister l’oxygène.

Il ne restait donc plus qu’une expérience à faire pour démêler les phénomènes accidentels de la décomposition de l’eau : il fallait opérer à l’abri de l’air. Plongeant les fils d’or de sa pile dans de petites capsules d’or pur ; remplissant ces capsules d’eau, qu’il avait lui-même distillée dans des vases d’argent et purgée par l’ébullition, de toute trace d’air ; établissant la communication entre les deux capsules au moyen d’une mèche d’amiante ; plaçant enfin les capsules d’or sous le récipient de la machine pneumatique, pour opérer hors du contact de l’air, Davy reconnut qu’il ne se dégageait au pôle positif que de l’oxygène, au pôle négatif que de l’hydrogène, et qu’il n’y avait formation d’aucune trace de substance acide ou alcaline.

La conversion de l’eau, sous l’influence de la pile voltaïque, en oxygène et hydrogène, sans autre produit, se trouva ainsi définitivement démontrée.

Après cette admirable analyse du phénomène de la décomposition électro-chimique de l’eau, Davy abordait, dans son mémoire, l’action qu’exerce la pile sur les composés salins. Il avait soumis à ses expériences, d’une part, les sels solubles dans l’eau, d’autre part, les sels insolubles dans ce liquide. Parmi les sels solubles dans l’eau, les sulfates de potasse, de soude, d’ammoniaque, l’alun, l’azotate de baryte, le phosphate de soude, les succinate, oxalate et benzoate d’ammoniaque ; et parmi les sels insolubles, les sulfates de chaux, de baryte et de strontiane, le fluorure de calcium, l’azéolithe, la lépidolithe et le verre ordinaire, furent soumis par Davy à l’action décomposante de la pile, et tous se comportèrent dans cette circonstance de la même manière.

Après avoir isolé dans toute sa simplicité, le phénomène de la décomposition électro-chimique de l’eau, et dégagé ce fait essentiel des accidents qui l’avaient troublé dans les expériences de ses prédécesseurs ; après avoir rapporté les résultats de l’action du courant électrique sur un certain nombre de sels, le profond chimiste montrait, dans la sixième partie de son mémoire, que ce n’étaient là que des exemples particuliers d’une loi des plus générales. Il faisait voir que, sous l’influence de la pile, tous les autres composés peuvent, aussi bien que l’eau, se réduire en leurs éléments ; — que dans les décompositions de ce genre, le corps acide se porte constamment au pôle positif, et le corps basique au pôle négatif ; — enfin, que les corps simples affectent aussi des rapports d’élection galvanique invariables.

Mais en voyant tous les composés chimiques se défaire sous l’influence de l’électricité, Davy avait été conduit à admettre que la cause de la combinaison des corps réside aussi dans une véritable attraction électrique, et par une série d’inductions et d’expériences qu’il serait trop long de rapporter, il proclamait ce fait, que l’affinité chimique n’est autre chose que l’électricité, ou, en d’autres termes, que la force qui détermine l’union des corps et qui maintient les combinaisons une fois formées, est identique avec la force électrique.

Telle est l’origine de la théorie électro-chimique, si brillamment défendue par Berzélius, et qui a exercé sur l’esprit de la chimie une si profonde et si durable influence, que depuis trente années seulement on a commencé à en secouer l’autorité.

Nous renonçons avec peine à pousser plus