L’étude de l’électricité animale, la doctrine de l’identité ou de l’analogie de l’électricité avec le fluide nerveux, a été, il y a cinquante ans, l’objet de l’enthousiasme presque unanime du monde savant. Ces idées sont tombées, de nos jours, dans un complet discrédit. Il appartient à notre époque, également exempte de l’entraînement de l’enthousiasme qui accueillit les premiers temps de cette découverte, et de tout dédain systématique pour une théorie quelconque, d’approfondir cette question. Aussi espérons-nous que la science, de nos jours, tentera de soumettre au contrôle attentif de l’expérience et de l’induction des phénomènes qui offrent un intérêt égal aux méditations de la philosophie, aux recherches expérimentales de la physique, et aux bienfaisantes applications de l’art de guérir.
Bien que résultant des travaux des physiciens, la pile voltaïque ne devait pas tarder à s’introduire dans la chimie, son domaine naturel. Elle était appelée à produire dans cette science, une véritable révolution, en l’enrichissant de faits inattendus, en perfectionnant ses méthodes d’expérience, et en lui fournissant une nouvelle théorie de l’affinité.
Les travaux de Nicholson et de Carlisle sur la décomposition de l’eau, et ceux de Cruikshank sur la décomposition des sels, avaient donné le signal de l’emploi de la pile comme moyen d’analyse chimique. Ces recherches furent continuées par Berzélius et Hissinger, qui, s’occupant particulièrement de la décomposition électro-chimique des sels, observèrent le grand fait du transport des éléments des corps composés à chacun des deux pôles de la pile, à travers le liquide soumis à l’action de l’électricité.
Berzélius débutait alors dans la carrière des sciences, et ce travail fut l’un des premiers qui révélèrent ce que la chimie devait recevoir de son génie patient et de son infatigable ardeur.
À cette époque, tous les savants des divers pays marchaient du même pas dans cette nouvelle carrière ; de telle sorte que la même découverte était faite quelquefois simultanément par divers chimistes très-éloignés les uns des autres ; la même observation se faisait presque à pareille heure à Stockholm, à Copenhague, à Berlin, à Iéna, à Gênes, à Londres et à Paris.