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Ce dépôt, ajoute-t-il, formait, au bout de quatre heures, une sorte de végétation métallique ramifiée, dont le volume surpassait de neuf à dix fois celui du fil autour duquel elle était agglomérée. »

En exécutant une expérience semblable, Cruikshank en tira une conséquence inattendue. Ayant ajouté une petite quantité d’acide acétique à de l’eau pure, dans laquelle plongeaient deux fils d’argent qui servaient de conducteur à la pile voltaïque, il remarqua que l’argent entrait en partie en dissolution, mais qu’il reparaissait bientôt après à l’état métallique, sur le fil négatif, sous la forme de paillettes brillantes, parfaitement semblables à celles que l’on obtient quand on précipite, au moyen d’une lame de cuivre, une dissolution étendue d’azotate d’argent.

Ce phénomène, qui ne devait être bien compris que plus tard, fut soumis par Cruikshank à diverses expériences, dans les détails desquelles nous ne saurions entrer ici. Elles mirent en évidence ce fait, que le même courant voltaïque qui décompose l’eau, emportant son hydrogène au pôle négatif, peut décomposer en même temps, les oxydes métalliques tenus en dissolution dans cette eau ; — que cette réduction est due à l’hydrogène naissant provenant de la décomposition de l’eau ; — et que, dans ce cas, en même temps que l’hydrogène naissant se dégage au pôle négatif, le métal du sel qui fait partie de cette dissolution, apparaît avec ce gaz, au pôle négatif, et peut s’y déposer sous forme cristalline.

Les expériences qui venaient d’être faites en Angleterre, concernant la décomposition électro-chimique de l’eau, furent bientôt répétées partout. En France et en Allemagne, l’appareil de Volta, soumis de toutes parts à l’expérience, donnait au même moment, les mêmes résultats entre toutes les mains.

Les expériences de Nicholson, dès que la nouvelle en parvint en Allemagne, y furent aussitôt reproduites dans tous les laboratoires. Le chimiste Ritter, de Berlin, fut le premier à s’en occuper[1], et son exemple fut suivi par une foule d’autres. À Berlin, le professeur Hermbstadt ; Unger et Müller, à Brieg ; enfin le professeur Gilbert et le conseiller Hofrath Voigt, à Berlin, se livrèrent aux mêmes essais.

Gruner et Bockmann s’efforcèrent de mesurer le volume d’hydrogène et d’oxygène obtenu pendant la décomposition électro-chimique de l’eau ; mais ce dernier arriva à des chiffres erronés sur le rapport de ces deux gaz formés pendant cette analyse. Pfaff construisit un appareil très-commode pour la décomposition de l’eau. Cet appareil fut modifié avantageusement par Gahn, assesseur à Fahlun. Enfin, le professeur L. Simon donna à la Société philomatique de Berlin, d’utiles préceptes sur les instruments employés dans les divers cas de décompositions électro-chimiques.

Ces nombreux essais faits en Allemagne touchant les décompositions électro-chimiques des corps, étaient le prélude et comme la préparation aux discussions théoriques qui devaient bientôt vivement agiter la science sur les particularités que l’on observe pendant la décomposition électro-chimique de l’eau.

C’est à cette époque, c’est-à-dire vers la fin de l’année 1800, qu’un chimiste anglais, qui devait conquérir dans l’étude de l’électricité une gloire immortelle, entrait pour la première fois dans cette voie d’expériences : « Un immense champ de recherches paraît ouvert par cette découverte, écrivait, au mois de juillet 1800, Humphry Davy, alors âgé de vingt-deux ans et attaché à l’institution pneumatique du docteur Beddoès, à Bristol : puisse-t-il être parcouru de manière à nous faire connaître quelques-unes des lois de la vie ! »

Les premiers pas du jeune Davy dans l’é-

  1. Voigt’s Magazin, II, 356. — Annales de Gilbert, VI, 470.