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chaleur n’agissaient jamais sur ce nouvel et curieux électroscope.

On ne peut lire, sans frémir de crainte pour le courageux physicien, les détails d’une expérience faite le 7 avril 1786, et consignée dans ses cahiers manuscrits : Galvani serrait entre ses mains la tige du conducteur atmosphérique isolé, au moment même où la foudre éclatait dans le ciel.

Ayant de cette manière, soumis à ses expériences l’électricité d’une atmosphère orageuse, Galvani fut pris du désir d’éprouver aussi la puissance électrique de l’air pendant un jour serein.

Fig. 317. — Galvani.

C’est en exécutant cette série d’expériences, dernier anneau d’une chaîne d’études qui l’occupaient depuis six ans, et grâce à sa louable persévérance dans l’étude d’un même phénomène, que le physicien de Bologne vit couronner ses efforts du plus merveilleux succès. C’est ainsi, en effet, qu’il fut conduit à l’observation qui constitue réellement sa découverte fondamentale, celle qui a servi d’origine et de point de départ à la création de la pile de Volta. Preuve brillante et nouvelle que le génie ne consiste souvent que dans la poursuite attentive et intelligente de la même pensée !

Le 20 septembre 1786, Galvani, pour étudier l’influence de l’électricité atmosphérique sur les mouvements de la grenouille par un temps calme, prépara, comme à l’ordinaire, un de ces animaux, et, après lui avoir passé un crochet de cuivre à travers la moelle épinière, il le suspendit à la balustrade de fer qui bordait la terrasse du palais Zamboni, qu’il habitait.

Il avait déjà tenté plusieurs fois sans aucun résultat la même expérience. De temps en temps il montait sur la terrasse, afin de noter, heure par heure, ce qui pouvait se passer. Vers la fin de la journée, fatigué de la longueur et de l’inutilité de ses observations, il saisit le crochet de cuivre implanté dans la moelle épinière de la grenouille, l’appliqua contre la balustrade, qu’il frotta vivement, au moyen de ce crochet, comme pour rendre le contact plus intime entre les deux métaux. Aussitôt les membres inférieurs de l’animal entrèrent en contraction, et ces mouvements musculaires se reproduisaient à chaque nouveau contact du crochet de cuivre et de la balustrade de fer. Cependant le temps était serein ; rien n’indiquait la présence de l’électricité libre dans l’atmosphère[1].

  1. « Quâ de causâ cùm interdum vidissem præparatas ranas in ferreis cancellis, qui nortum quemdam pensilem nostræ domûs circumdabant, collocatas, uncis quoque æreis in spinali medullâ instructis, in consuetas contractiones incidisse, non solum fulgurante cœlo, sed interdum etiam quiescente ac sereno, putavi eas contractiones mutationibus, quæ interdum ex atmosphericâ electricitate contingunt, ortum ducere. Hinc non sine spe cœpi harum mutationum effectus in muscularibus hisce motibus diligenter perquirere et aliis atque aliis rationibus experiri. Quapropter, diversis horis atque id per multos dies, animalia eadem appositè accommodata inspiciebam : at vix ullus in eorum musculis motus. Vanâ tandem exspectatione defatigatus, cœpi æreos uncos, quibus spinales medullæ infigebantur, adversus ferreos cancellos urgere et comprimere, visurus an hoc artificii genere contractiones musculares excitarentur, et pro vario atmospheræ et electricitatis statu, an quidquam varietatis et mutationis præ se ferrent : contractiones quidem haud raro observavi ; sed nullâ ad varium atmospheræ atque electricitatis statum ratione habitâ. » (Aloysii Galvani De viribus electricitatis in motu musculari Commentarius.)