Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/596

Cette page a été validée par deux contributeurs.

En proposant de substituer le cuivre au platine pour former la pointe du paratonnerre, M. Pouillet se fonde sur la meilleure conductibilité du cuivre pour l’électricité et la chaleur. Le cuivre est rangé, avec l’or et l’argent, parmi les meilleurs conducteurs de la chaleur et de l’électricité. Une pointe de cuivre, sous l’influence d’un courant électrique ou d’un coup de foudre, s’échauffera donc beaucoup moins qu’une pointe de platine, et ne pourra, presque dans aucun cas, entrer en fusion. La dépense moindre, la facilité de construire en tous lieux et par les ouvriers ordinaires de toutes les localités cette partie de l’appareil, a paru à M. Pouillet une autre raison de préférer le cuivre au platine.

Examinons maintenant un point dont nous n’avons rien dit encore : c’est le nombre des paratonnerres à établir sur un édifice de dimensions données, en d’autres termes, la question de savoir quelle est la surface de toit que peut protéger une seule tige de paratonnerre.

On admettait, à la fin du dernier siècle, que le cercle de protection d’un paratonnerre avait pour rayon, le double de la hauteur de sa tige, c’est-à-dire qu’un paratonnerre de 10 mètres de hauteur, par exemple, étendait son influence sur un cercle dont le rayon a 20 mètres, et par conséquent la circonférence environ 125 mètres. Cette règle avait été posée par le physicien Charles, parce qu’il avait eu plus d’une fois l’occasion de remarquer que la foudre avait frappé des points situés à une distance du paratonnerre double de la longueur de sa tige. L’instruction de Gay-Lussac, en 1823, lui donna une consécration officielle. Elle est pourtant loin d’être certaine, et il ne faudrait pas lui accorder plus de confiance qu’elle n’en mérite.

L’étendue de la surface protégée par un paratonnerre dépend d’une foule de circonstances, qu’il n’est pas toujours facile d’apprécier. Elle dépend d’abord de la hauteur de l’édifice par rapport aux constructions environnantes. Elle varie encore selon la nature des matériaux qui entrent dans la construction de l’édifice. Il n’est pas douteux, par exemple, que la surface protégée par un paratonnerre ne soit moindre, quand l’édifice a une couverture de zinc, que lorsque son toit est formé de tuiles ou d’ardoises. Sur un bâtiment à couverture de métal, il faudrait donc rapprocher davantage les paratonnerres. Au palais de l’Industrie, à Paris, il existait une distance d’environ 40 mètres entre ceux qui correspondaient à la galerie centrale et ceux de la galerie rectangulaire. Les tiges de ces instruments ayant 7 mètres de hauteur, on voit que l’on ne s’était pas conformé, dans cette circonstance, à la règle posée par le physicien Charles ; pour s’y astreindre, il aurait fallu placer une tige de paratonnerre à la distance de 28 mètres. On voit donc que la règle dont nous parlons, posée d’une manière assez arbitraire, peut être restreinte ou étendue selon les circonstances, et qu’il faut surtout considérer ici la nature des matériaux de l’édifice et son élévation au-dessus des constructions environnantes.

Après ces indications générales relatives à l’établissement des paratonnerres, passons aux précautions que leur construction exige dans chaque cas particulier.

Églises. — Sur le clocher d’une église, la tige du paratonnerre doit s’élever de 5 à 8 mètres, selon l’étendue de la plate-forme du clocher ; une hauteur de 8 mètres suffit pour les plus larges tours, et de 5 mètres pour les plus petites. Si l’église est couronnée par un dôme, ou si elle est surmontée d’une tour, d’un clocher, c’est au sommet de ces parties de l’édifice, qu’il faut placer la tige de l’instrument. Comme il est souvent difficile d’élever à la pointe d’un clocher une tige de fer de 5 à 8 mètres, on a coutume d’employer des tiges plus courtes. Quelquefois même, si le clocher se termine par une croix de fer, on supprime la tige, en plaçant l’aiguille de platine sur la branche verticale de la croix, et