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que dans un endroit humide. Si les localités ne permettent pas d’étendre la tranchée en longueur, on en fera d’autres transversales, comme on le voit en A (fig. 292 et 293), dans lesquelles on placera de petites barres de fer entourées de braise, que l’on fera communiquer avec le conducteur. Dans tous les cas, l’extrémité de ce dernier doit s’enfoncer dans un large trou, s’y diviser en plusieurs racines et être recouvert de braise ou de charbon qui aura été rougi.

En général, on doit faire les tranchées pour le conducteur dans l’endroit le plus humide autour du bâtiment, les placer par conséquent dans les lieux les plus bas, et diriger au-dessus les eaux pluviales, afin de les tenir dans un état plus constant d’humidité. On ne saurait trop prendre de précautions pour procurer à la foudre un prompt écoulement dans le sol, car c’est principalement de cette circonstance que dépend l’efficacité des paratonnerres.

Les barres de fer qui forment le conducteur présentant, en raison de leur rigidité, quelque difficulté pour leur faire suivre les contours d’un bâtiment, on a imaginé de les remplacer par des cordes métalliques qui, indépendamment de leur flexibilité, ont encore l’avantage d’éviter les raccords et de diminuer les chances de solution de continuité. On réunit quinze fils de fer pour faire un toron, et quatre de ces torons forment la corde, qui alors a 16 ou 18 millimètres (7 à 8 lignes) de diamètre. Pour prévenir sa destruction par l’air et l’humidité, chaque toron est goudronné séparément, et la corde l’est ensuite avec beaucoup de soin. On l’attache à la tige du paratonnerre de la même manière que le conducteur fait avec des barres de fer, c’est-à-dire qu’on la pince fortement au moyen d’un boulon entre les deux oreilles du collier B (fig. 294), qui sont un peu concaves et hérissées de quelques pointes pour mieux embrasser et retenir la corde. Les crampons qui la supportent sur le toit, au lieu d’être terminés en fourche, le sont par un anneau O (fig. 290), dans lequel passe la corde. Parvenue à 2 mètres (6 pieds) du sol, on la réunit à une barre de fer de 15 à 25 millimètres (6 à 9 lignes) en carré qui termine le conducteur, comme on le voit en C (fig. 295) ; car dans le sol, la corde serait promptement détruite.

On assure que des cordes ainsi employées n’ont pas éprouvé d’altération sensible dans l’espace de trente années. Néanmoins, comme il est incontestable que les barres de fer bien assemblées sont beaucoup moins destructibles, nous conseillerons de leur donner la préférence autant qu’on le pourra. Si les localités obligeaient à employer des cordes, on pourrait les faire en fil de cuivre ou de laiton, qui est beaucoup moins destructible et qui, étant aussi meilleur conducteur, permettrait de ne donner aux cordes que 16 millimètres (6 lignes) de diamètre. C’est surtout pour les clochers que les cordes métalliques peuvent être d’une grande utilité, à cause de la facilité de leur pose.

Si le bâtiment que l’on arme d’un paratonnerre renferme des pièces métalliques un peu considérables, comme des lames de plomb qui recouvrent le faîtage et les arêtes du toit, des gouttières de métal, de longues barres de fer pour assurer la solidité de quelque partie du bâtiment, il sera nécessaire de les faire toutes communiquer avec le conducteur du paratonnerre ; mais il suffira d’employer pour cet objet des barres de 8 millimètres (3 lignes) de côté ou du fil de fer d’un égal diamètre. Si cette réunion n’avait pas lieu et que le conducteur renfermât quelque solution de continuité, ou qu’il ne communiquât pas très-librement avec le sol, il serait possible que la foudre se portât avec fracas du paratonnerre sur quelqu’une des parties métalliques. Plusieurs accidents ont eu lieu par cette cause ; nous en avons cité deux exemples au commencement de cette Instruction[1].

  1. Nous devons plusieurs des détails de construction que nous venons de donner, à M. Mérot, habile constructeur de paratonnerres, qui, à notre demande, nous a communiqué avec empressement les résultats de sa pratique.