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génieux, contenant plusieurs expériences sur la conservation des fruits, et quelques autres points de différentes matières, me fut remis par M. Papin, qui avoit joint ses efforts à ceux de l’éminent Christian Huygens pour faire lesdites expériences[1]. » Dans la suite de l’entretien qu’il eut avec lui, apprenant « que le docteur Papin n’étoit arrivé de France en Angleterre que depuis peu de temps, dans l’espoir d’y trouver un lieu qui fût convenable à l’exercice de son talent », Boyle résolut de l’associer à ses travaux.

Fig. 24. — Robert Boyle.

Aucune position ne pouvait mieux convenir aux goûts et aux désirs de Papin. Issu d’une grande famille de l’Irlande, Robert Boyle, pour se vouer tout entier à l’étude des sciences, avait renoncé aux avantages que lui assuraient sa fortune et son rang. Il avait consacré six années de sa jeunesse à voyager sur le continent, pour perfectionner ses connaissances et fuir le spectacle des troubles civils qui déchiraient sa patrie. À son retour en Angleterre, la lutte durait encore entre le parlement et la royauté ; Boyle se retira dans sa terre de Stuldbridge, et c’est là qu’au sein de la retraite et de la paix, loin du tumulte des villes et de l’agitation des partis, il poursuivait les beaux travaux qui devaient le placer à un rang si élevé dans la reconnaissance et l’admiration de son pays.

Il réunissait autour de lui un certain nombre d’hommes distingués, qui cherchaient dans la culture des sciences et des arts un asile contre les dissensions du dehors. Cette réunion, qui portait le nom de Collége philosophique, se rassemblait sous sa direction, tantôt à Oxford, tantôt à Londres. Lorsqu’en 1660, Charles II monta sur le trône d’Angleterre, il fonda, des débris de cette réunion nomade, la Société royale de Londres, que Boyle fut chargé d’organiser. L’illustre savant refusa de présider cette société, il rejeta même les honneurs de la pairie pour reprendre le cours de ses travaux scientifiques.

Boyle s’était occupé avec succès de continuer les recherches d’Otto de Guericke sur le vide et la pression atmosphérique ; il avait publié ses expériences sur ce sujet, laissant à d’autres le soin de les poursuivre. Lorsque Papin arriva en Angleterre, il pensait à les reprendre, mais il ne trouvait personne pour le seconder. L’habileté de Papin et ses études spéciales sur la machine pneumatique, lui rendaient son secours utile de toutes manières. Il admit donc dans son laboratoire, le jeune physicien français.

Commencées le 11 juillet 1676, les expériences qu’ils exécutèrent ensemble, furent continuées jusqu’au 17 février 1679. Parmi ces expériences, il faut citer leurs recherches relatives à la vapeur de l’eau bouillante, qui plus tard devaient porter leurs fruits entre les mains de Papin.

Boyle reconnaît avec beaucoup de loyauté, que les services de Papin lui furent d’une grande utilité, et déclare qu’il était d’une

  1. Roberti Boyle Opera varia. Genève, 1682, t. II.