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d’inconvénient. Avec de la colle légère ou de l’eau gommée, collez sur le revers de la glace la bande du portrait séparée du reste, en la serrant et l’unissant bien : alors remplissez l’espace vide en dorant la glace avec de l’or ou du cuivre en feuilles ; dorez pareillement le bord intérieur du derrière du cadre tout autour, excepté le haut, et établissez une communication entre cette dorure et la dorure du derrière de la glace ; remettez la bordure sur la glace, et ce côté sera fini. Retournez la glace, et dorez le devant précisément comme le derrière, et, lorsque la dorure sera sèche, couvrez-la en collant dessus le milieu de l’estampe dont on avait retranché la bande, observant de rapprocher les parties correspondantes de cette bande et du portrait ; par ce moyen, le portrait paraîtra tout d’une pièce comme auparavant, quoiqu’il y en ait une partie derrière la glace et l’autre devant… Tenez le portrait horizontalement par le haut, et posez sur la tête du roi une petite couronne dorée et mobile. Maintenant, si le portrait est électrisé modérément et qu’une personne empoigne le cadre d’une main, de sorte que ses doigts touchent la dorure postérieure et que, de l’autre main, elle tâche d’enlever la couronne, elle recevra une commotion épouvantable et manquera son coup. Si le portrait était fortement chargé, la conséquence pourrait bien en être aussi fatale que celle du crime de haute trahison, car, lorsqu’on tire une étincelle à travers une main de papier couchée sur le portrait par le moyen d’un fil d’archal de communication, elle fait un trou à travers chaque feuillet, c’est-à-dire à travers quarante-huit feuilles (quoique l’on regarde une main de papier comme un bon plastron contre la pointe d’une épée ou même contre une balle de mousquet), et le craquement est excessivement fort. Le physicien qui, pour empêcher l’estampe de tomber, la tient par le haut, à l’endroit où l’intérieur du cadre n’est pas doré, ne sent rien du coup et peut toucher le visage du portrait sans aucun danger, ce qu’il donne comme un témoignage de sa fidélité au prince. Si plusieurs personnes en cercle reçoivent le choc, on appelle l’expérience, les Conjurés. »

Il ne faut pas confondre l’appareil que Franklin appelle Tableau magique avec celui que l’on voit dans les cabinets de physique actuels, et que nous représentons ici (fig. 256). Le Tableau magique de nos cabinets de physique, n’est qu’un des nombreux appareils qui servent à produire dans l’obscurité, des effets lumineux à l’aide de l’électricité.

Sur un carreau de verre on colle une bande d’étain très-étroite, qui se replie plusieurs fois parallèlement à elle-même, en laissant peu d’intervalle entre chaque bande, comme le montrent les lignes noires de la figure 256. Ensuite avec un instrument tranchant, on pratique, sur ces traits noirs, des solutions de continuité, figurant une fleur, une tête, un portique, etc.

Fig. 256. — Tableau magique.

Cet appareil, étant isolé au moyen de deux colonnes de verre qui lui servent de support, si l’on met l’extrémité supérieure A de la bande d’étain, en communication avec une machine électrique en activité, et l’autre extrémité en communication avec le sol, grâce au bouton B et au support de bois, l’électricité jaillit à chaque solution de continuité de la bande d’étain, et figure en traits de feu l’objet qui a été découpé dans la continuité de la bande du métal.

La quatrième lettre de Franklin, où se trouve rapportée, avec plusieurs autres, l’expérience originale du Tableau magique du roi et des conjurés se termine comme il suit :

« Étant un peu mortifiés de n’avoir pu jusqu’ici rien produire par nos expériences pour l’utilité du genre humain et entrant dans la saison des grandes chaleurs pendant lesquelles les expériences électriques ne réussissent pas si bien, nous avons pris la