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muniquent également entre elles au moyen d’une lame d’étain qui revêt le fond de la boîte où tout cet ensemble est placé. Cette boîte communique elle-même avec le sol par une chaîne métallique qui pend au dehors jusqu’à terre, et met en communication avec le sol toutes les garnitures extérieures.

Les premières batteries électriques employées par Franklin ne se composaient pas de bouteilles de Leyde proprement dites : elles consistaient dans la réunion d’un certain nombre de carreaux fulminants, c’est-à-dire de grands carreaux de vitre, munis de chaque côté d’une mince lame de plomb et supportés par des cordons de soie[1]. Dans la suite de ses expériences, Franklin se servit d’une batterie électrique telle que la représente la figure 255, reproduction exacte de l’une des figures qui accompagnent son mémoire.

Fig. 255. — Batterie électrique.

Ajoutons, pour terminer cet exposé des travaux de Franklin, que, dans le cours des recherches que nous venons d’analyser, il fit encore, avec le secours de Kinnersley, « son ingénieux voisin », plusieurs expériences curieuses dont on ne manque pas de rendre témoins aujourd’hui les auditeurs des cours de physique. Entre autres expériences de ce genre, c’est-à-dire concernant les effets de l’électricité statique, nous citerons, comme ayant été exécutées pour la première fois par Franklin ou Kinnersley, celles du Tube étincelant, — de la Bouteille de Leyde étincelante, — du Carreau magique, et du Carillon électrique, dont il a été question plus haut, — du Thermomètre de Kinnersley, — du Perce-carte, — du Perce-verre, etc. Nous n’entrerons dans aucun détail au sujet de ces expériences, qui ne répondent qu’à une intention de curiosité, qui ne constituent que des spectacles et récréations physiques bien connus aujourd’hui et dont nous voulons seulement marquer ici l’origine historique.

On nous permettra toutefois, pour donner une idée exacte de ce genre de divertissements physiques qui plaisait à l’illustre physicien du Nouveau-Monde, de citer, comme le spécimen le plus original en ce genre, l’expérience du Tableau magique du roi et des conjurés.

« Voici de quelle manière, dit Franklin, se fait le Tableau magique dont M. Kinnersley est l’inventeur. Ayant un grand portrait gravé, avec un cadre et une glace, comme par exemple celui du roi (que Dieu bénisse !), ôtez-en l’estampe et coupez-en une bande à environ deux pouces du cadre tout autour ; quand la coupure prendrait sur le portrait, il n’y aurait pas

  1. « D’après cela nous avons fait ce que nous appelons une batterie électrique, consistant en onze grands carreaux de vitre armés de lames minces de plomb appliquées sur chaque côté, placés verticalement et soutenus à deux pouces de distance sur des cordons de soie, avec des crochets épais de fil de plomb, un de chaque côté, placés tout droit, à une certaine distance ; avec des communications convenables de fil d’archal et une chaîne depuis le côté donnant d’un carreau, jusqu’au côté recevant de l’autre ; de sorte que le tout puisse être chargé ensemble et par la même opération, comme s’il n’y avait qu’un seul carreau. Nous y avons ajouté encore une autre machine pour amener, après la charge, les côtés donnants en contact avec un long fil d’archal et les côtés recevants avec un autre, afin que ces deux longs fils d’archal puissent porter la force de tous les carreaux de verre à la fois à travers le corps de quelque animal formant le cercle avec eux. Les carreaux peuvent aussi être déchargés séparément, ou en tel nombre à la fois que l’on voudra. Mais nous n’avons pas fait beaucoup d’usage de cette machine, comme ne répondant pas parfaitement à notre intention, relativement à la facilité de la charge, par la raison donnée sect. 10. » (Œuvres de Franklin, traduites de l’anglais par M. Barbeu-Dubourg. In-4, 1773, t. I, p. 27-28.)