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sieurs expériences très-ingénieuses, très-élégantes, et qui ont été conservées jusqu’à nos jours, sans modification. Elles avaient pour but de prouver que l’on peut parvenir à dépouiller peu à peu la bouteille de Leyde de toute son électricité, en présentant alternativement un même corps léger à la garniture intérieure et à la garniture extérieure. Ce corps étranger opère lentement et silencieusement sa décharge, parce qu’il soutire à chaque fois une petite quantité de fluide sur l’une des garnitures de la bouteille, et la neutralise aussitôt par une même quantité de fluide contraire empruntée à l’autre garniture.

« Faites tenir, dit Franklin, un fil de fer dans une feuille de plomb, dont le bas de la bouteille est garni, de sorte qu’en faisant un coude pour se relever perpendiculairement, l’anneau qui le termine se trouve de niveau avec le haut ou l’anneau du fil d’archal qui entre dans le liége, et qu’il en soit à trois ou quatre pouces de distance. Alors électrisez la bouteille, et posez-la sur de la cire. Si un morceau de liége suspendu par un fil de soie descend entre les deux fils d’archal, il jouera continuellement de l’un à l’autre jusqu’à ce que la bouteille ne soit plus électrisée : la raison en est qu’il tire et apporte le feu du haut en bas de la bouteille, jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli. »

C’est la même expérience que Franklin avait déjà faite avec son araignée artificielle, et qu’il décrit très-sommairement, en ces termes, dans une lettre précédente :

Fig. 252. — Araignée électrique.

« Nous suspendons par un fil de soie une araignée artificielle faite d’un petit morceau de liége brûlé avec les pattes de fil de lin, et lestée d’un ou deux grains de plomb pour lui donner plus de poids. Sur la table où elle est suspendue, nous attachons un fil d’archal perpendiculairement à la hauteur du fil d’archal de la fiole et à la distance de deux ou trois pouces de l’araignée ; alors nous animons cette araignée en mettant la fiole à la même distance, mais de l’autre côté ; elle vole aussitôt au fil d’archal de la fiole, bande ses pattes en le touchant, s’élance de là et revole au fil d’archal de la table, de là encore au fil d’archal de la fiole, jouant avec ses pattes contre l’un et l’autre d’une manière tout à fait amusante, et paraît parfaitement animée aux personnes qui ne sont pas instruites. Elle continue ce mouvement une heure et plus dans un temps sec. »

On ne manque jamais aujourd’hui, dans les cours de physique, de répéter cette curieuse expérience de l’araignée de Franklin (fig. 252).

Fig. 253. — Carillon électrique.

Le carillon électrique est une autre expérience du physicien de Philadelphie, qui n’est qu’une variante de la précédente. En munissant de deux timbres métalliques très-sonores, C, A (fig. 253), le crochet extérieur de la bouteille de Leyde et une tige métallique en communication avec sa garniture extérieure au moyen d’une bande d’étain, on obtient, par le choc répété d’une balle métallique légère B isolée par le fil de soie auquel elle est suspendue et qui est attirée successivement de l’un à l’autre timbre, une série continue de sons, ou un carillon électrique. Au bout de quelques heures, par ces décharges partielles et successives la bouteille a perdu toute son électricité.