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ne remplissait d’autre rôle que celui de conducteur. Comme l’eau ne jouit qu’à un assez faible degré de la propriété de conduire le fluide électrique, et qu’elle le cède beaucoup sous ce rapport aux différents métaux, Bevis pensa que l’effet électrique serait augmenté si l’on remplaçait l’eau par un métal. Il plaça donc dans la bouteille, de la grenaille de plomb au lieu d’eau, et l’expérience fit voir que l’emploi d’un métal pour former la garniture intérieure de l’appareil augmentait considérablement l’effet électrique.

La grenaille de plomb employée par Bevis fut remplacée plus tard par des feuilles d’or, métal non oxydable et meilleur conducteur.

C’est encore le même physicien qui eut l’idée d’envelopper à l’extérieur la bouteille de Leyde d’une feuille métallique. Bevis avait compris que la main de l’opérateur qui tenait la bouteille, remplissait l’office d’un conducteur de l’électricité. En enveloppant la bouteille d’une feuille d’étain jusqu’à une certaine hauteur, on rendait la partie externe de l’appareil beaucoup plus conductrice. On pouvait alors placer la bouteille sur une table ou sur un support de bois, sans qu’il fût nécessaire de recourir à une personne pour la tenir.


Fig. 245.
Bouteille de Leyde.
Ces deux changements apportés par Bevis à la forme de la bouteille de Musschenbroek ajoutèrent beaucoup à l’intensité de ses effets, et cet instrument prit ainsi la forme définitive qu’il a conservée jusqu’à nos jours.

Chacun sait que la bouteille de Leyde consiste aujourd’hui, comme le montre la figure 245 en un vase de verre enveloppé à l’extérieur d’une feuille d’étain B, jusqu’à une certaine distance du goulot. Elle contient à l’intérieur des feuilles d’or, et se termine par un conducteur en laiton, T, recourbé en crochet à son extrémité libre.
Fig. 246. — Bouteille de Leyde en communication avec la machine électrique.
Ce crochet sert à la mettre en communication avec la source d’électricité, c’est-à-dire avec la machine électrique, comme le montre la figure 246. Une chaîne de fer attachée, au moyen d’un crochet C, au dessous de la bouteille, sert à faire écouler dans le sol l’électricité de nom contraire à celle qui se condense à l’intérieur.

Bevis eut encore, le premier, l’idée de construire une batterie électrique. Il réunit trois bouteilles de Leyde, qu’il fit communiquer entre elles, à l’aide de fils de fer partant de l’intérieur de chacune d’elles. Il fit également communiquer les garnitures extérieures de ces bouteilles par une chaîne métallique qui traînait sur le sol.

Ainsi fut construite la première batterie électrique que Franklin, comme nous le verrons bientôt, imagina aussi de son côté, sans avoir eu, nous dit-il, connaissance de cet appareil de Bevis.

Fig. 247. — Carreau électrique.

Mettant à exécution l’idée de Bevis, Watson construisit ensuite de puissantes batteries