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CHAPITRE IV

expérience de musschenbroek à leyde. — allaman. — winckler. — nollet répète à paris l’expérience de leyde. — commotion électrique donnée à versailles, en présence du roi, à une compagnie des gardes françaises. — répétition de cette expérience au couvent des chartreux. — popularité de la bouteille de leyde. — la bouteille d’ingenhousz et la canne à surprises. — la bouteille de leyde au collége d’harcourt.

Fig. 241. — Musschenbroek.

Les physiciens du dernier siècle n’ont pas été unanimes pour attribuer à Musschenbroek le mérite d’avoir exécuté le premier l’expérience de Leyde. On a dit tour à tour que Cuneus, riche bourgeois de Leyde et amateur des sciences, Allaman, physicien de la même ville, Kleist, chanoine de la cathédrale de Commin, auraient exécuté les premiers cette expérience mémorable. On l’a encore revendiquée en faveur du père de Musschenbroek, médecin d’Amsterdam, qui l’aurait communiquée et dont il aurait bien voulu abandonner l’honneur à son fils, le professeur de Leyde. Mais toutes ces divergences disparaissent devant le récit circonstancié donné de cette découverte par Priestley, contemporain de ces divers savants[1]. Il résulte de son récit que, lorsque Musschenbroek observa, par l’effet du hasard, ce fait extraordinaire, il était entouré de diverses personnes qui prenaient part ou assistaient à ses expériences. Parmi elles se trouvaient sans doute Cuneus et Allaman, qui furent d’après cela simples spectateurs, et non les véritables auteurs de l’expérience.

Quoi qu’il en soit, voici par quelles circonstances on fut conduit à la découverte de la bouteille de Leyde. Considérant que les corps électrisés, quand ils sont exposés librement à l’air, y perdent promptement leur état électrique, par suite de la conductibilité de l’air, Musschenbroek pensa que si un corps électrisé était entouré de tous côtés par des corps non conducteurs, il pourrait recevoir une plus grande quantité d’électricité et la conserver plus longtemps. Le verre étant le corps non conducteur, et l’eau le corps électrique le plus convenable pour cet effet, Musschenbroek et ses amis essayèrent d’électriser de l’eau contenue dans un vase de verre. On n’observa d’abord rien de remarquable dans cette expérience ; quand on jugea l’eau suffisamment électrisée, on se disposa à retirer le vase de verre qui communiquait avec le conducteur de la machine électrique au moyen d’un fil de fer plongeant dans l’eau. Mais au moment où l’un des opérateurs, tenant d’une main le vase de verre, vint à approcher l’autre main du conducteur, afin de le séparer de la machine, il se sentit aussitôt frappé d’un coup terrible à la poitrine et sur les bras (fig. 242).

Il est curieux de lire, dans les récits qui ont été donnés de cette expérience, la description des effets que produisit la commotion électrique sur les personnes qui furent les premières à l’éprouver. Sans nul doute, la surprise et l’émotion ajoutèrent beaucoup aux

  1. Histoire de l’électricité, traduite de l’anglais de Joseph Priestley. Paris, 1771, t. I, p. 150.