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de les chauffer légèrement, pour en dégager des vapeurs, qu’il était plus facile d’enflammer.

Watson, en Angleterre, répéta et étendit ces expériences. Il alluma outre l’eau-de-vie, plus ou moins concentrée, divers liquides spiritueux contenant des huiles volatiles, tels que l’esprit de lavande, l’esprit de nitre dulcifié (éther nitreux), l’eau de pivoine, l’élixir de Dafty, le styptique d’Helvétius, et diverses huiles volatiles, telles que les essences de térébenthine, de citron, d’orange, de genièvre, de sassafras, etc. Il mit aussi le feu à des matières telles que le baume de copahu et la térébenthine, qui, chauffées, dégagent des vapeurs inflammables[1].

Watson, dans son mémoire relatif à ces expériences, a donné le dessin de la machine qui lui servit à enflammer les liqueurs spiritueuses. Elle se composait de trois ou quatre globes de verre, que l’on frottait simultanément, au moyen de petits coussins fixes. Un amas de fil servait à communiquer l’électricité développée sur le verre, à un tube de fer-blanc, ou à une épée suspendue à des cordons de soie, qui servaient de conducteurs isolés.

On plaçait les liquides à enflammer dans un flacon qui était suspendu au conducteur de fer-blanc par un fil de fer. D’autres fois, pour étaler ces liquides sur une plus large surface au contact de l’air, on les plaçait dans une petite capsule métallique que l’on posait à la pointe de l’épée terminant le conducteur de la machine.

La machine électrique destinée à enflammer les produits peu combustibles était, comme nous venons de le dire, composée de trois ou quatre globes de verre. On la voit représentée ici (fig. 239). Les coussins sont les petites calottes appliquées contre le verre.

Fig. 239. — Machine électrique employée par Watson pour enflammer les substances spiritueuses.

Quand on voulait enflammer des liquides plus combustibles, tels que l’éther ou l’esprit-de-vin très-rectifié, on se contentait d’une machine ordinaire à un seul globe. Watson, dans l’ouvrage cité plus haut, a représenté l’appareil dont il se servait pour cette expérience. On voit ce dessin reproduit dans la figure 238 (page 457).

L’un des personnages tourne la manivelle qui imprime au globe de verre un mouvement de rotation. Un autre personnage présente la main au globe pour déterminer, par le frottement, le dégagement de l’électricité. Le fluide électrique passe du globe de verre au canon de fusil ou à la barre de fer qui sert de conducteur, et qui est porté sur deux fils de soie tendus sur deux supports. Ce conducteur est saisi par un troisième opérateur, qui, placé sur un gâteau de résine servant à l’isoler, tient de la main droite une épée. Le fluide électrique arrive à l’extrémité de l’épée : à peine a-t-on approché de sa pointe une cuiller pleine d’esprit-de-vin, que l’étincelle jaillit, et met le feu au liquide.

C’est aussi à Watson qu’est due une expérience connue sous le nom de danse des pantins, qui devint célèbre plus tard lorsque

  1. Lettre à M. Martin Folckes, président de la Société royale, dans le Recueil de traités sur l’électricité, traduits de l’allemand et de l’anglais, 2e partie, p. 15 et suivantes.