Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 1.djvu/461

Cette page a été validée par deux contributeurs.

se charge de fluide positif, comme dans la machine ordinaire, parce que le plateau de verre agit sur lui par influence, et soutire son fluide négatif.

Van Marum, dont cette machine porte le nom, inventa aussi des coussins d’une composition particulière, qui donnent aux machines une tension très-grande.

La description de la machine de Van Marum, qui fut perfectionnée par d’autres physiciens, est contenue dans un ouvrage curieux, écrit mi-partie en français, mi-partie en hollandais, qui parut à Harlem, en 1785[1].

C’est vers la même époque que le physicien anglais Nairne, imitant l’appareil déjà employé par Tibère Cavallo à Londres, construisit la machine électrique qui porte son nom, et qui donne à volonté du fluide électrique négatif ou positif, selon que l’on fait communiquer avec le sol l’un ou l’autre de ses deux conducteurs.

Fig. 236. — Machine électrique de Nairne (1782).

La machine de Nairne, ou machine à deux fluides, que l’on voit représentée ici (fig. 236) se compose d’un cylindre creux de verre C, de grande dimension, qui peut frotter contre un large coussin, fixé au conducteur D′, et qui en occupe toute la longueur. Le conducteur D est armé de plusieurs pointes métalliques, dirigées contre le cylindre de verre, et perpendiculaires à sa surface. Quand on fait tourner le cylindre de verre, au moyen de la manivelle, le frottement de ce cylindre contre le coussin, provoque un dégagement d’électricité, c’est-à-dire la décomposition du fluide neutre du verre. L’électricité positive reste sur le cylindre de verre, et l’électricité négative passe sur le coussin et sur le conducteur isolé D′, qui est fixé sur ce coussin. Le cylindre de verre chargé d’électricité positive, agit, par influence, sur le fluide neutre du conducteur D, attire l’électricité négative vers les pointes et repousse l’électricité positive sur la face opposée. L’électricité négative accumulée sur ces pointes vient, en traversant l’air interposé, neutraliser le fluide positif qui existe sur le cylindre de verre, et reconstitue ainsi du fluide neutre. Quant à l’électricité positive, elle reste confinée sur le conducteur D, qui constitue de cette manière un réservoir d’électricité positive.

Si l’on fait communiquer avec le sol, au moyen d’une chaîne métallique, le conducteur D′ et le coussin, l’électricité négative s’écoule dans le sol et l’électricité positive reste accumulée sur le conducteur D : la machine fournit alors de l’électricité positive. Si l’on fait au contraire communiquer avec le sol le conducteur D, en maintenant isolés le coussin et le conducteur D′, l’électricité positive s’écoule dans le sol et l’électricité négative reste accumulée sur le conducteur D′, et la machine donne alors de l’électricité négative. La machine de Nairne, permet donc de conserver à volonté l’une des deux électricités développées par le frottement.

Le cylindre de verre est ordinairement recouvert, dans cette machine, d’une pièce de taffetas, qui enveloppe la moitié supérieure de ce cylindre, et a pour effet de le protéger

  1. Description d’une très-grande machine électrique placée dans le Muséum de Teyler à Haarlem, et des expériments faits par le moyen de cette machine, par Martinus Van Marum, directeur du cabinet d’histoire naturelle et bibliothécaire du Muséum de Teyler, in-4o, avec planches (Beschriving einer… etc.).