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l’eût jeté avec violence du haut d’une tour[1] ».

Otto de Guericke saisit avec sagacité la cause de cet accident : l’ouvrier avait négligé de donner au vase de cuivre une forme parfaitement sphérique dans toutes ses parties ; or la forme sphérique est la seule qui puisse garantir un récipient vide d’air des effets de la pression considérable que le poids de l’air extérieur exerce sur lui dans tous les sens.

Un nouvel appareil ayant été construit avec les soins nécessaires, l’expérience, reprise, eut un succès complet, et l’air fut en totalité expulsé, sans autre accident, du récipient métallique.

Mais l’opacité du métal eût dérobé aux yeux les expériences auxquelles on destinait la machine. Otto remplaça donc la sphère de cuivre par un ballon de verre, qui s’ajustait à la pompe aspirante, au moyen d’une garniture de cuivre.

En définitive, la machine à laquelle il s’arrêta, et que l’on trouve encore dans quelques anciens cabinets de physique, se composait d’un ballon de verre, portant une tubulure et un robinet de cuivre, et vissé sur le tuyau d’une petite pompe aspirante placée verticalement au-dessous du ballon. Une manivelle à bras horizontal sert à faire jouer la pompe. Tout l’appareil est supporté par un montant formé de trois pieds de fer.

Cette machine était imparfaite à bien des égards. Elle suffit néanmoins à l’ingénieux physicien de Magdebourg pour démontrer une série de vérités qui jetèrent sur les faits physiques les plus utiles lumières.

Otto de Guericke démontra matériellement le poids de l’air atmosphérique, en pesant un vase dans lequel le vide avait été fait au moyen de sa machine, et le pesant de nouveau, après la rentrée de l’air.

Poursuivant la voie ouverte par Pascal, il expliqua, par le fait de la pression atmosphérique et par l’élasticité de l’air, un grand nombre de faits qui jusque-là avaient paru inexplicables. Il mit hors de doute, par exemple, l’influence de l’air sur la propagation du son, son rôle dans la translation de la lumière, dans les phénomènes de la combustion, de la respiration et de la vie des animaux.

Fig. 21. — Les hémisphères de Magdebourg.

Mais de tous les faits remarquables dont le bourgmestre de Magdebourg enrichissait la physique naissante, aucun n’excita d’étonnement plus vif ni d’admiration plus méritée que la série d’effets mécaniques, véritablement extraordinaires, auxquels il donna naissance en mettant adroitement en jeu la pression atmosphérique. L’expérience qui fut désignée, à partir de cette époque, sous le nom d’expérience des hémisphères de Magdebourg attira l’attention de tout le monde savant, autant par l’originalité et la beauté du fait en lui-même, que par l’importance des

  1. « Vel ac si globus ab altissima turre, lapsu graviore, projectus fuisset. » (Ottonis de Guericke Experimenta nova Magdeburgica de vacuo spatio, Amstelodami, 1672, p. 75.)