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l’apogée, que dans celles du périgée de leurs orbites ; ce qui est directement contraire au mouvement des planètes autour du soleil. »

« M. Grey n’a songé à ces expériences que fort peu de temps avant sa dernière maladie, et n’a pu les achever ; mais, la veille de sa mort, il fit part des progrès qu’il avait déjà faits au docteur Mortimer, alors secrétaire à la Société royale. Il dit que, chaque fois qu’il les répétait, elles lui causaient une nouvelle surprise, et qu’il espérait, si Dieu lui conservait encore la vie quelque temps, pouvoir, d’après ce que promettaient ces phénomènes, porter ses expériences électriques à la plus grande perfection. Il ne doutait pas qu’il ne fût en état, dans fort peu de temps, d’étonner le monde avec une nouvelle sorte de planétaire, auquel on n’avait jamais pensé jusqu’alors, et que d’après ces expériences il pourrait établir une théorie certaine pour expliquer les mouvements des corps célestes. Ces expériences, toutes trompeuses qu’elles sont, méritent d’être rapportées, ainsi que celles que l’on fit en conséquence après la mort de M. Grey. Je les rapporterai, dans les propres termes de M. Grey, telles qu’il les donna à M. Mortimer au lit de la mort.

« Placez, dit-il, un petit globe de fer d’un pouce ou un pouce et demi de diamètre, faiblement électrisé, sur le milieu d’un gâteau circulaire de résine, de sept ou huit pouces de diamètre, et alors un corps léger suspendu par un fil très-fin, de cinq ou six pouces de long, tenu dans la main au-dessus du centre de la table, commencera de lui-même à se mouvoir en cercle autour du globe de fer, et constamment d’occident en orient. Si le globe est placé à quelque distance du centre du gâteau circulaire, le petit corps décrira une ellipse qui aura pour excentricité la distance du globe au centre du gâteau.

« Si le gâteau de résine est d’une forme elliptique et que le globe de fer soit placé à son centre, le corps léger décrira une orbite elliptique de la même excentricité que celle de la forme du gâteau.

« Si le globe de fer est placé auprès ou dans un des foyers du gâteau elliptique, le corps léger aura un mouvement beaucoup plus rapide dans l’apogée que dans le périgée de son orbite.

« Si le globe de fer est fixé sur un piédestal, à un pouce de la table, et que l’on place autour de lui un cercle de verre, ou une portion de cylindre de verre creux électrisé, le corps léger se mouvra comme dans les circonstances ci-dessus et avec les mêmes variétés. »

« Il dit, de plus, que le corps léger ferait les mêmes révolutions, mais seulement plus petites, autour du globe de fer placé sur la table nue, sans aucun corps électrique pour le soutenir ; mais il avoue qu’il n’a pas trouvé que l’expérience réussît, quand le fil était soutenu par autre chose que la main, quoiqu’il imagine qu’elle aurait réussi, s’il eût été soutenu par quelque substance animale vivante ou morte.

« M. Grey continua de faire part à M. Mortimer d’autres expériences encore plus erronées que je me dispenserai de citer par égard pour sa mémoire. Que les chimères de ce grand électricien apprennent à ceux qui le suivent dans la même carrière, qu’il faut être bien circonspect dans les conséquences que l’on tire. Il ne faut pourtant pas que l’exemple décourage personne d’essayer ce qui pourrait ne pas paraître probable ; mais il doit engager du moins à différer la publication des découvertes, jusqu’à ce qu’elles aient été bien confirmées, et que les expériences aient été faites en présence d’autres personnes. Dans des expériences délicates une imagination forte influera beaucoup même sur les sens extérieurs ; nous en verrons des exemples fréquents dans le cours de cette histoire.

« Le docteur Mortimer semble avoir été trompé lui-même par ces expériences de M. Grey ; il dit qu’en les essayant après sa mort, il trouva que le corps léger faisait des révolutions autour des corps de différentes figures et de différentes substances, aussi bien qu’autour du globe de fer, et qu’il avait récemment essayé l’expérience avec un globe de marbre noir, une écritoire d’argent, un petit copeau de bois et un gros bouchon de liége.

« Ces expériences de M. Grey furent essayées par M. Wehler et d’autres personnes, dans la maison où s’assemble la Société royale, et avec une grande variété de circonstances ; mais on ne put tirer aucune conséquence de ce qu’ils observèrent pour lors. M. Wehler, se donnant lui-même bien des peines pour les vérifier, eut des résultats différents ; et à la fin, il dit que son opinion était que, le désir de produire le mouvement d’occident en orient était la cause secrète qui avait déterminé le corps suspendu à se mouvoir dans cette direction, au moyen de quelque impression qui venait de la main de M. Grey, aussi bien que de la sienne, quoiqu’il ne se fût point aperçu lui-même qu’il donnât aucun mouvement à sa main. »



CHAPITRE III

travaux de dufay. — première étincelle électrique tirée du corps de l’homme. — expériences des physiciens allemands. — perfectionnement et formes diverses de la machine électrique : machine de boze, de haüsen, de winckler, de watson, etc. — machine de l’abbé nollet en france. — inflammation des substances combustibles par l’étincelle électrique.

L’Angleterre seule avait encore été le théâtre d’expériences importantes sur l’élec-