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qu’il n’ait pas tiré un meilleur parti du globe que du tube qui nous vient du même physicien, cependant les expériences qu’il a faites par son secours avaient ouvert avantageusement la route, et ses succès en annonçaient de plus brillants encore. Mais MM. Grey et Dufay abandonnèrent trop légèrement le globe pour se borner au tube. C’est de nos jours, que les physiciens d’Allemagne l’ont repris ; ils en ont augmenté et multiplié considérablement les effets.

« Avec cet appareil que nous venons de décrire, M. Hauksbee fit des découvertes très-intéressantes. Lorsqu’il appliquait sa main sur le récipient extérieur, tandis qu’il avait reçu un mouvement rapide, la lumière exprimée par le frottement s’élançait par des ramifications surprenantes sur la surface du récipient intérieur. Elle avait plus d’éclat et de force lorsque le mouvement était imprimé aux deux récipients en même temps ; soit que ce fût du même sens, soit que ce fût en sens contraire, soit que l’un des deux fût plein ou vide d’air. Lorsque les deux récipients, après avoir été frottés quelque temps, étaient en repos, et qu’on approchait la main du verre extérieur, des éclats de lumière se répandaient sur la surface du récipient intérieur.

« L’appareil fut changé : on ajusta sur la machine de rotation un globe épuisé d’air ; et auprès de ce premier globe, sur une semblable machine, à la distance d’un peu moins d’un pouce, on fixa un autre globe plein d’air. Dès qu’on eut communiqué le mouvement à ces deux globes, et appliqué la main sur celui qui était plein d’air, les émanations lumineuses excitées par le frottement se portèrent sur le globe en mouvement, vide d’air, et qui n’avait reçu aucun frottement. M. Hauksbee remarqua que le mouvement du globe non frotté était une circonstance favorable, et même, jusqu’à un certain point, nécessaire pour que la lumière parût se répandre dans l’hémisphère, qui touchait presque le globe frotté. Cependant il vint à bout d’exciter des traits éclatants dans un vaisseau de verre, dont l’air avait été pompé, lorsqu’il le présentait à quelque distance du globe frotté et en mouvement. Alors il paraissait que la lumière électrique, en se propageant dans les globes vides d’air, s’y enflammait par le choc de ses propres parties.

« Un globe vide d’air, adapté sur la machine de rotation, devint très-lumineux dans l’intérieur, lorsqu’on appliqua la main sur la surface extérieure et qu’on lui communiqua un mouvement rapide ; mais à mesure qu’on remplissait d’air la capacité du globe, en tournant un robinet pratiqué, comme nous l’avons vu, dans un des pivots, l’intensité de la lumière s’altérait de plus en plus. M. Hauksbee remarqua avec beaucoup de sagacité que la différence des nuances de la lumière, dans le vaisseau plein d’air et vide d’air, était la même que celle qu’il avait observée entre les lumières produites par le mercure quand il le secouait dans un ballon vide d’air ou plein d’air.

« L’air étant rentré dans le globe, des taches lumineuses, sans un éclat bien vif, s’attachaient aux doigts des observateurs, ou s’élançaient à un pouce de distance sur une bande de mousseline effilée par une de ses extrémités. À mesure qu’on faisait rentrer l’air, les faisceaux des ramifications, qui paraissaient dans l’intérieur, étaient plus déliés et prenaient mille formes différentes : au lieu que dans le vide ces rayons étaient plus uniformes et moins éparpillés. On aperçoit aisément la cause de ces effets. »

S’Gravesande dans ses Éléments de physique et Priestley, dans son Histoire de l’électricité, donnent la description et la figure d’une machine électrique construite, disent les auteurs, sur le modèle de celle d’Hauksbee. Cet appareil se compose d’un globe de cristal, monté sur deux douilles de cuivre. Une large roue imprime un mouvement de rotation très-rapide au globe de cristal, que l’on frotte au moyen de la main appuyée contre sa surface. Le globe de cristal est monté sur une table de bois, à la hauteur de la main de l’opérateur.

La figure 226 représente cette machine électrique d’Hauksbee, d’après l’ouvrage de S’Gravesande[1].

Il est bien à regretter que la machine imaginée par Hauksbee ait été abandonnée après lui. Soit que le savant anglais n’eût pas suffisamment insisté sur les avantages qu’il devait offrir pour l’étude des phénomènes électriques, soit qu’on le trouvât embarrassant ou difficile à transporter, cet excellent appareil ne fut pas adopté par les physiciens, qui continuèrent de se servir, comme l’avait fait Gilbert, d’un simple tube tenu à la main et frotté avec un morceau d’étoffe de laine. Ce fut là une circonstance fâcheuse pour les progrès de l’électricité. Si la machine de Hauksbee était devenue alors d’un emploi général, elle aurait bientôt conduit à beau-

  1. Eléments de physique démontrés mathématiquement et confirmés par des expériences, ou Introduction à la philosophie newtonienne, ouvrage traduit du latin de Guillaume Jacob S’Gravesande. In-4. Leyde, 1746, t. II, p. 87.