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Fig. 221. — Voiture à vapeur de M. Lotz, de Nantes.

La vitesse ordinaire de la machine est de 8 kilomètres à l’heure, et sa plus grande vitesse de 18 kilomètres environ. À petite vitesse, elle entraîne un poids de 18 à 20 000 kilos, et à grande vitesse, un poids de 5 000. La machine, si elle n’est pas attelée, peut tourner dans un rayon de 5 mètres, et attelée, dans un rayon de 8 à 9 mètres ; il faut, pour la conduire, trois hommes : deux mécaniciens, l’un à l’avant, l’autre à l’arrière, plus le chauffeur ; enfin, par force de cheval et par heure, elle use 3 kilog. et demi de charbon.

Maintenant, voici comment s’est effectué le voyage.

Départ du pont de l’Alma à 11 heures 45 minutes, avec une vitesse moyenne ; la machine entraîne un long omnibus dans lequel ont pris place, soit à l’intérieur soit sur l’impériale, une vingtaine de personnes. On traverse le pont, on gagne l’Arc-de-Triomphe, on prend l’avenue de l’Impératrice. Les chevaux des véhicules ordinaires que l’on rencontre et ceux que montent des cavaliers dressent quelque peu l’oreille au passage de la machine, mais généralement sont maintenus ; les courbes du chemin sont décrites avec la plus grande facilité, les portes (quelques-unes ont quatre mètres au plus de largeur) sont aisément franchies. On arrive au bois de Boulogne en face de l’hippodrome de Longchamps ; on prend de l’eau.

Le voyage se poursuit à peu près dans les mêmes conditions jusqu’à Saint-Cloud. Là se présente le premier obstacle sérieux : il s’agit de monter l’escarpement de la route impériale no 185, ou route de Montretout, c’est-à-dire un plan incliné ayant 6 centimètres de pente par mètre : difficulté nouvelle, sur ce point la route est pavée. C’est après de pénibles efforts que la machine franchit les premiers pas de la rampe. En ce moment, elle marque 8 atmosphères ; mais enfin l’obstacle est vaincu, et, quoique usant toute sa force, la machine n’en dépense pas plus, ce nous semble, qu’il n’en faudrait à une grosse voiture de roulier pour accomplir le même travail.

Le reste du voyage s’effectue dans les meilleures conditions possibles. La côte de Montretout une fois dépassée, de Saint-Cloud à Ville-d’Avray, par le parc réservé, bon parcours, vitesse moyenne, 6 atmosphères. À Ville-d’Avray, nouvelle prise d’eau. Descente de la route de Sèvres, très-belle. À Sèvres, dernière prise d’eau. Sur la route de Sèvres, jusqu’à la barrière du Point-du-Jour, grande vitesse, 7 atmosphères. Arrivée au pont de l’Alma à 4 heures 7 minutes. Durée totale du voyage, temps d’arrêt compris (et ils ont été fréquents et longs), 4 heures 22 minutes. Voilà le récit fidèle, quoique abrégé, de l’excursion. »

Il nous reste à ajouter que la voiture à vapeur de M. Lotz a fait, sans encombre, au mois de septembre 1866, le voyage de Nantes à Paris.