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réclame la confection des produits industriels. Il est incontestable pourtant, que les procédés de l’agriculture sont aujourd’hui dans un état d’infériorité frappante, relativement à ceux de l’industrie manufacturière, qui a réalisé dans notre siècle les prodiges que tout le monde connaît. C’est en empruntant à l’industrie elle-même les moyens et les procédés qui ont déterminé ses progrès rapides, que l’agriculture pourra entrer, à son tour, dans la voie du perfectionnement. L’accomplissement de cette grande tâche appartient à la génération qui s’élève, et nul ne saurait prévoir les résultats qu’amènerait dans la destinée des nations modernes, la solution de ce grand problème.


Les locomobiles dont nous venons de passer en revue les principaux emplois dans les campagnes, commencent aussi à être appliquées dans les villes, à différents usages mécaniques. Nous terminerons cette Notice par l’examen de ces dernières applications du moteur à toute fin.

Les habitants de Paris connaissent bien, car ils le voient fonctionner depuis quelque temps, dans beaucoup de rues, pour la construction des égouts ou autres travaux de ce genre, la machine à préparer le béton ou le mortier. Pour mettre en action cet appareil, qui exige un emploi de force considérable, on a remplacé le travail de l’homme ou des chevaux par une locomobile.

Une locomobile construite dans le système ordinaire, avec cylindre à vapeur apparent au dehors, et placé au-dessus de la chaudière, fait tourner un arbre de couche, pourvu d’une large poulie. Une courroie établie sur cette poulie, met en action le mécanisme au moyen duquel l’eau d’une part, la chaux ou le ciment de l’autre, versés en proportions convenables, dans des vases d’un volume déterminé, viennent se mêler dans un baquet, et sont ensuite agités pour former le mortier ou le ciment.

Cet ingénieux appareil a rendu de grands services pour accélérer, dans Paris, les travaux de construction.

Un autre appareil qui présente une application nouvelle et extrêmement intéressante, de la locomobile, c’est le compresseur du macadam, que l’on voit depuis 1865, circuler et fonctionner sur les grandes voies de la capitale.

On sait que le mode d’entretien le plus économique des voies empierrées de Paris, consiste à écraser, par des cylindres d’un poids énorme, les matériaux destinés à la réparation et à l’entretien de la chaussée.

Les rouleaux compresseurs étaient traînés d’ordinaire, par des chevaux. Mais ces lourdes machines, attelées de 8 à 10 chevaux, mettaient souvent de grandes entraves à la circulation, et menaçaient de provoquer des accidents, soit par elles-mêmes, soit par les embarras de voitures qu’elles déterminaient. Ces longs attelages mettaient plus de temps à se retourner au bout de leur parcours, qu’ils n’en employaient au parcours lui-même. Enfin les chevaux, tant que l’empierrement n’était pas fixé, faisaient jaillir les cailloux sous leurs pieds, et détruisaient ainsi, en partie, le travail du cailloutage déjà opéré.

Afin d’obvier à ces inconvénients, l’administration municipale de Paris, décida de substituer la vapeur aux chevaux employés à traîner les rouleaux compresseurs du macadam.

Des divers appareils qui furent imaginés dans ce but, et soumis à l’administration municipale, deux parurent répondre d’une manière satisfaisante, à l’objet proposé : le compresseur de M. Ballaison, qui fait usage de deux cylindres compresseurs, et celui de M. Lemoine, qui n’emploie qu’un seul rouleau compresseur, d’un diamètre considérable.

Le dernier de ces appareils était volumineux, trapu, et s’éloignait trop des formes des véhicules ordinaires. Il avait l’inconvé-