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ceux des pays limitrophes, assure notre communication avec tous les points de l’Europe.

Fig 145. — Surell, directeur du chemin de fer du Midi.

Au 31 décembre 1865, la longueur totale des chemins de fer français en exploitation, était de 13 570 kilomètres. Quand toutes les lignes concédées auront été achevées, cette longueur atteindra plus de 20 000 kilomètres. Nous pourrons alors, sous ce rapport, nous comparer à l’Angleterre.

Les chemins de fer déjà construits en France, représentent un capital de 6 milliards ; ceux qui vont l’être, coûteront encore 3 milliards. Mais la valeur des capitaux engagés dans ces sortes d’entreprises augmente chaque jour. Elles constituent donc un élément de prospérité certain et des plus puissants pour le pays. Toutes nos grandes industries en ont largement profité, et par suite, notre vie sociale a subi de profonds et utiles changements. Quand, un jour, les chemins de fer de l’Algérie seront terminés, ils consolideront notre puissance en Afrique, mieux encore que la présence de nos armées, dont ils permettront de diminuer considérablement l’effectif. Enfin, on arrivera peut-être à unir par un chemin de fer, nos colonies d’Algérie à nos possessions du Sénégal, à travers les déserts de l’Afrique. Ce ne serait pas une entreprise plus difficile que celle de bien d’autres routes, qui sont aujourd’hui en voie d’exécution en différents pays.

La Belgique, grâce au roi Léopold, a devancé, dans l’exécution d’un vaste réseau national, toutes les grandes monarchies européennes.

La loi qui décréta la création du réseau belge, fut promulguée dès 1834, et l’on peut dire que c’est à l’œuvre des chemins de fer que ce pays, alors nouvellement constitué, dut sa prospérité et peut-être sa nationalité même.

Les Belges, nos premiers maîtres dans l’art de construire les chemins de fer, sont ensuite devenus pour nous de très-utiles auxiliaires.

Le véritable créateur des chemins de fer en Belgique, c’est le roi Léopold, et l’ingénieur qui eut le mérite de mettre à exécution les idées du souverain, c’est Pierre Simons.

Né en 1797, à Bruxelles, dans la condition la plus modeste, Pierre Simons débuta dans la carrière des travaux publics, par l’emploi d’aide temporaire.

En Belgique, où les voies navigables jouent un si grand rôle, Simons eut d’abord à s’occuper de travaux de navigation, qui mirent ses talents en évidence.

À l’âge de trente ans, il était déjà ingénieur ordinaire de première classe. Le gouvernement des Pays-Bas, appréciant sa capacité, se proposait de l’attacher à une entreprise des plus considérables à l’étranger : il s’agissait du percement de l’isthme de Panama, pour la jonction de l’océan Atlantique au Pacifique. Mais la révolution de 1830 vint détourner la Belgique de cette idée.