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comprennent ceux de Paris à Cherbourg, d’Évreux à Caen, de Paris à Nantes, à Brest, etc.

Le directeur des chemins de fer de l’Ouest, est M. Jullien.

Né en 1803, M. Adolphe Jullien fit ses premières études en Suisse, chez Pestalozzi. En 1821, il entra, dans les premiers rangs, à l’École polytechnique, et devint ensuite l’un des élèves les plus distingués de l’École des ponts et Chaussées. Tout jeune encore, il se fit remarquer par un magnifique travail de construction : le pont-aqueduc du bec d’Allier, dont il dirigea l’exécution avec une supériorité incontestable.

La compagnie du chemin de fer d’Orléans, cherchait un ingénieur. Les chefs du corps des Ponts et Chaussées désignèrent M. Jullien comme le plus expérimenté et le plus capable. Il justifia bientôt leur recommandation.

Telle fut la réputation que M. Jullien s’était acquise, que la compagnie du chemin de fer de Lyon l’enleva à celle du chemin de fer d’Orléans, pour le faire directeur de ses travaux et de ses exploitations. Ce fut ensuite la compagnie de l’Ouest qui vint réclamer son concours.

M. Jullien s’est toujours fait remarquer, autant par la solidité de son jugement et sa fraternelle sollicitude pour ses employés, que par ses connaissances étendues. On lui a reproché, dans ses constructions, un excès de solidité, qui a pour conséquence un excès de dépense. Le temps seul prouvera si ses adversaires, en construisant plus légèrement, n’ont pas compromis l’avenir au profit du présent. Depuis que nous avons vu les chemins de fer de l’Italie, si légèrement établis, que l’on est souvent forcé de suspendre le service, à la suite de longues pluies, comme en Toscane, ou par les dégâts qu’occasionnent les torrents des Apennins, comme aux bords de l’Adriatique, nous sommes, en fait de construction de voies ferrées, de l’école de M. Jullien.

Le 3 mai 1845, fut ouverte la ligne ferrée de Paris à Orléans, sur une longueur de 122 kilomètres, avec embranchement de 12 kilomètres, de Juvisy à Corbeil, en tout 134 kilomètres.

M. Didion fut nommé directeur du chemin de fer de Paris à Orléans.

M. Didion, né en 1803, entra en 1820, à l’École polytechnique, le premier de sa promotion, et en sortit également le premier.

Pendant plusieurs années après sa sortie de l’École des Ponts et Chaussées, M. Didion resta, pour ainsi dire, enterré, comme ingénieur ordinaire, dans le midi de la France. Toutefois il avait deviné l’importance des chemins de fer, lorsque tant d’autres la contestaient encore, et il avait su prédire leur avenir dans plusieurs articles du journal l’Industriel et le Capitaliste, publié alors par MM. Jules Burat et Perdonnet.

Comme associé de M. Talabot, M. Didion avait construit, dans des conditions difficiles deux des premiers chemins de fer qui aient été exécutés en France, ceux d’Alais à Beaucaire, et de Nîmes à Montpellier.

Une capacité de cet ordre devait se produire sur un plus grand théâtre. M. Talabot, si bon appréciateur du mérite, emmena M. Didion à Paris, où il fut bientôt estimé à sa véritable valeur.

Nommé directeur du chemin d’Orléans, M. Didion a rendu, dans cette position, d’éminents services à l’industrie des chemins de fer.

Dans le conseil des Ponts et Chaussées, dans les commissions gouvernementales, il a exercé une grande et légitime influence. Son ancien camarade, le général Cavaignac, voulut le nommer ministre des travaux publics ; mais Didion déclina modestement cette proposition brillante.

La loi de 1842 inaugura en France une ère sociale nouvelle, en réunissant les forces de l’industrie et celles de l’État, pour la création d’un grand réseau embrassant toute