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être traînée sur les rails par des chevaux, ce qui prouve que ce dernier constructeur n’avait aucune foi dans l’avenir des locomotives.

Telles étaient donc les machines destinées à prendre part à cette lutte intéressante.

On choisit pour servir aux expériences le plateau de Rainhill, qui présente une ligne parfaitement horizontale, sur une longueur de deux milles (3 218 mètres).

Comme le texte des conditions du concours ne contenait aucune indication sur le genre d’épreuves auxquelles les machines seraient soumises, on arrêta les dispositions suivantes.

Au début de l’expérience, on constatera, pour chacune des locomotives, le poids total de la machine, avec sa chaudière pleine d’eau ; la charge à traîner sera triple de son poids. — L’eau de la chaudière sera froide, et il n’y aura pas de combustible dans le foyer ; on délivrera à chaque concurrent la quantité d’eau et de houille qu’il jugera nécessaire pour un voyage. — La machine sera traînée à bras jusqu’au point de départ. Elle partira dès que la vapeur aura acquis une tension de cinquante livres par pouce carré. — La locomotive devra faire dix fois l’aller et le retour de l’espace choisi, ce qui représente à peu près le trajet de Liverpool à Manchester. Pour constater le temps de chaque voyage, on établira à chaque extrémité, deux stations, occupées chacune par l’un des juges, qui constatera avec soin le moment du passage de la machine. Ces conditions furent communiquées aux concurrents et acceptées par eux.

Pendant les premiers jours, on se borna à essayer les locomotives ; on les fit aller et venir sur les rails, pour les disposer à fonctionner. Le 6 octobre 1829, jour fixé pour le commencement des épreuves, la Fusée, de George et Robert Stephenson, entra la première dans l’arène.

Suivant le programme, elle était montée sur quatre roues et pesait quatre tonnes cinq quintaux (4 316 kilogrammes). Sa chaudière, de 1m,73 de longueur, était traversée par vingt-cinq tubes de 7 centimètres de diamètre ; la vapeur sortant des cylindres était dirigée, pour activer le tirage, dans l’intérieur de la cheminée. La figure 135 représente une coupe de la chaudière de la Fusée pour donner une idée de la disposition des tubes. A est la grille du foyer, B, la partie de la chaudière percée de 25 tubes qui donnent passage à la fumée et à l’air chaud venant du foyer.

Fig. 135. — Coupe de la chaudière de la Fusée.

La figure 136 représente la Fusée, d’après l’ouvrage de Nicolas Wood sur les chemins de fer et le mémoire de MM. Coste et Perdonnet sur les chemins à ornières de fer. MN est le fourneau. Sa hauteur est de 1 mètre, sa largeur de 70 centimètres. La longueur de la chaudière, qui forme la plus grande partie de l’ensemble, est de 2 mètres, sur 1 mètre de diamètre. Les 25 tubes à fumée traversent la masse intérieure du liquide contenu dans cette vaste chaudière. Ils vont s’ouvrir aux deux tiers de la cheminée IJ, à l’aide du tube d’expulsion ab. Les soupapes de sûreté H, H, sont au nombre de deux. A est le cylindre à vapeur, incliné de telle sorte que la tige articulée B fixée à son extrémité, vienne agir sur un levier articulé BD, de manière à faire tourner la roue d’une demi-révolution. La force acquise achève de faire tourner la roue, et les deux mouvements s’exécutant en des temps opposés, sur les deux roues, la locomotion est facile. La provision de charbon est placée sur l’avant E du ten-