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emploi, et le réduire au service exclusif des mines.

L’emploi de la machine de Trevithick et Vivian sur les chemins à rails, ne fut donc qu’une sorte de pis aller, une manière de tirer quelque parti des résultats d’une tentative, évidemment avortée. On ne soupçonnait guère alors les prodiges que l’expérience et l’étude devaient faire sortir un jour de cette entreprise, à demi abandonnée. Personne ne pouvait prévoir que cet appareil imparfait, relégué, en ce moment, dans les mines de charbon, pour un service obscur et secondaire, révolutionnerait un jour tout notre système de locomotion.



CHAPITRE II

origine des chemins à rails. — chemins à rails de bois des mines de newcastle. — chemins à rails de fer. — emploi de la locomotive de trevithick et vivian sur le chemin de fer de merthyr-tydvil. — erreur théorique sur la progression des locomotives. — systèmes de mm. blenkinsop, chapman et brunton. — expériences de m. blackett. — progrès dans la construction des locomotives. — découverte de la chaudière tubulaire par m. séguin aîné. — le tuyau soufflant des locomotives. — histoire de la découverte de ce moyen puissant de tirage des cheminées des machines à vapeur. — création des locomotives actuelles.

Les routes à ornières artificielles, sur lesquelles Trevithick et Vivian crurent devoir reléguer leur voiture à vapeur, étaient en usage en Angleterre, depuis longues années. Pour diminuer les effets du frottement considérable que les roues éprouvent sur le sol, on eut, de bonne heure, l’idée de les assujettir à tourner sur des bandes de bois parallèles, disposées sur toute l’étendue de la distance à franchir.

On ignore l’époque précise du premier établissement de ces voies artificielles, qui furent employées pour la première fois, à Newcastle. On sait seulement qu’elles existaient vers la fin du xviie siècle. Un ouvrage publié en 1696, Vie de lord Keepernorth, nous fait connaître l’existence, à cette époque, de chemins à rails de bois dans les houillères de Newcastle.

« Les transports, dit l’auteur de cet ouvrage, s’effectuent sur des rails de bois parfaitement droits et parallèles, établis le long de la route, depuis la mine jusqu’à la rivière ; on emploie sur ce genre de chemin de grands chariots portés par quatre roues, qui reposent sur les rails. Il résulte de cette disposition tant de facilité dans le tirage, qu’un seul cheval peut descendre de quatre à cinq chaldrons, ce qui procure aux négociants un avantage immense. »

Cette observation de notre auteur était parfaitement fondée. On comprend sans peine tous les bénéfices que devait fournir, pour l’économie de la force motrice, la substitution d’une surface plane et polie, aux inégalités des routes ordinaires. Aussi l’emploi de ces ornières artificielles donna-t-il les meilleurs résultats dans les mines de Newcastle. Les immenses transports que l’on y faisait, de l’orifice du point de sortie des puits de mines au lieu de chargement, sur la Tyne, rendaient précieux, à divers titres, cet ingénieux système. Un cheval pouvait traîner, sur ces rails, une charge presque triple de celle qu’il transportait sur une route ordinaire.

Les rails employés à cette époque étaient en bois de chêne ou de sapin. Ils avaient ordinairement 1m,8 de longueur, et étaient fixés sur des traverses, placées à 0m,60 les unes des autres.

Les chemins à rails de bois employés à Newcastle, furent adoptés dans quelques gisements houillers des comtés de Durham et de Northumberland, et dans quelques autres provinces de l’Angleterre. Les frais d’établissement et d’entretien étaient considérables, sans doute, mais ils étaient bientôt couverts par l’économie des transports.

Ce genre de chemin offrait cependant divers inconvénients. Le frottement des roues usait les rails avec assez de rapidité. Il fallait les renouveler souvent, et comme la voie devait toujours conserver la même largeur, on était