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Fig. 104. — Le Great-Western et le Sirius entrant dans le port de New-York, après la traversée de l’Atlantique.


chant à se dépasser l’un l’autre, sur la vaste carrière de l’Atlantique.

Le vent, qui ne cessait de souffler de l’ouest, leur opposa, pendant les premiers jours, des obstacles devant lesquels auraient reculé les plus forts navires à voiles : leur marche n’en fut pas un instant retardée.

Pendant la première semaine, le Sirius fit peu de chemin, parce que le combustible le surchargeait ; mais, à mesure qu’il s’allégea en brûlant sa houille, sa vitesse s’accrut rapidement. Le 22 avril, les deux vaisseaux couraient sous la même latitude, séparés seulement par la faible distance de 3 degrés en longitude. Enfin la victoire resta au Sirius, qui avait eu trois jours d’avance. Dans la matinée du 23, il se trouvait en vue de New-York.

On était prévenu, dans ce port, de l’arrivée prochaine des deux bâtiments anglais. Chaque jour, une foule immense se pressait sur le rivage, interrogeant l’horizon. Parmi les spectateurs qui portaient avec anxiété leurs regards sur l’Océan, se trouvaient quelques vieillards, qui avaient été témoins autrefois du départ de la Folie-Fulton, et qui, racontant à leurs amis comment avaient été trompées à cette époque, toutes les prévisions et toute la sagesse des temps passés, annonçaient, avec un chaleureux espoir, la prochaine venue des envoyés de l’ancien monde.

Enfin, le 23, au matin, on vit poindre à l’extrémité de l’horizon, une légère colonne de fumée. Peu à peu elle se dessina plus nettement, et le corps tout entier du navire parut sortir des profondeurs de la mer.

C’était le Sirius qui arrivait d’Angleterre, après une traversée de dix-sept jours. Il franchit les passes, et entra dans la baie de New-York, faisant flotter sur ses mâts les pa-