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bateau, au moyen d’une machine à vapeur. Miller s’en montra satisfait

« À notre premier voyage à Édimbourg, dit-il, nous soumettrons ce projet à un constructeur d’appareils mécaniques, et si le prix de la machine n’est pas trop élevé, nous la ferons exécuter, pour l’essayer sur la pièce d’eau. »

Ceci se passait à Dalswinton, terre de Patrick Miller, pendant l’été de 1787. Miller concevait sans doute à cette époque, quelque espoir de la réussite de ce projet, car, ayant publié, en 1787, un mémoire relatif à une nouvelle disposition des navires, il fit mention, dans le cours de ce travail, de la possibilité d’employer la vapeur comme moyen de propulsion des vaisseaux.

Au mois de novembre 1787, Patrick Miller ayant quitté sa terre de Dalswinton, pour aller passer l’hiver à Édimbourg, s’occupa, dès son arrivée dans la capitale de l’Écosse, de l’exécution de la machine proposée par James Taylor.

Un jeune ingénieur, nommé William Symington, attaché à l’exploitation des mines de plomb de Wanlockhead, venait tout récemment d’inventer une disposition nouvelle de la machine à vapeur, différant de celle de Watt par la situation du condenseur, qui se trouvait à la partie supérieure de l’appareil ; cette modification avait été assez favorablement accueillie. La machine à vapeur de Symington parut à James Taylor très-convenable pour ce qu’il avait en vue.

Symington, qui était arrivé à Édimbourg, sur ces entrefaites, fut présenté par lui, à M. Miller, qui lui exposa son désir. L’ingénieur écossais prit aussitôt l’engagement de construire une machine à vapeur propre à être installée sur un bateau, et il fut convenu que l’essai en serait fait l’été suivant, sur la pièce d’eau de Dalswinton.

À l’époque fixée, la machine étant construite, James Taylor la fit transporter à Dalswinton, et bientôt, c’est-à-dire au mois d’octobre 1788, Symington arriva lui-même, pour assembler les pièces de la machine et l’installer sur un élégant petit bateau, destiné à l’expérience.

On procéda, peu de jours après, sur la pièce d’eau de Dalswinton, à cet intéressant essai. Le bateau qui reçut la machine, avait 27 pieds anglais de long sur 7 de large. Le cylindre de la machine à vapeur était de 4 pouces de diamètre, et d’environ deux chevaux de force.

L’expérience réussit. Le bateau avançait avec une vitesse de 5 milles à l’heure. On s’amusa pendant quelques jours, de ce bateau et de sa machine, qui fut ensuite séparée de l’embarcation, et transportée au logis de Patrick Miller[1].

Satisfait de ce premier essai, Miller se décida à faire construire la même machine sur un plus grand modèle, afin de l’essayer sur le canal de Forth et Clyde.

Au printemps de 1789, il se rendit donc, avec Symington, à l’usine de Carron, dirigée alors par Boulton et Watt, pour y commander une machine à vapeur destinée à cet usage. En même temps, on s’occupa de faire construire le bateau qui devait servir à l’expérience.

Le bateau et la machine étant terminés, on les amena de l’usine de Carron au canal de Forth et Clyde, où devait se faire l’expérience. James Taylor, qui fit transporter le bateau, était accompagné d’ingénieurs que les chefs de l’usine de Carron avaient envoyés, pour être renseignés exactement sur le résultat de cette tentative.

Voici quelle était la disposition de la machine que Symington avait fait construire pour le bateau de Miller. Deux cylindres à vapeur dont le piston avait 18 pouces de diamètre, étaient placés sur le pont même du bateau,

  1. Taylor consigna les résultats de cette expérience dans une lettre à l’éditeur du Journal de Dumfries et dans l’Advertiser d’Édimbourg. Le Scot’s Magazine de novembre 1788, publia aussi, dans une lettre de James Taylor, la description de cette expérience.