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Fig. 82. — Réunion tenue chez le marquis Ducrest, pour l’examen des plans du marquis de Jouffroy (page 160).


machine à vapeur, les obstacles qui empêchaient d’approprier les forces de la vapeur aux besoins de la navigation, devaient, en même temps, disparaître. Lorsque Watt, créant, vers 1770, la machine à simple effet, parvint à ce résultat admirable de diminuer des trois quarts la dépense du combustible, tout en augmentant l’intensité de l’action motrice, l’illustre ingénieur fit avancer d’un pas immense la question de la navigation par la vapeur. En diminuant les dimensions de l’énorme machine de Newcomen, en rendant plus égal, plus régulier et plus doux, le jeu du balancier, il ajoutait autant d’éléments nouveaux à la solution du problème qui commençait alors à occuper un certain nombre de mécaniciens éclairés.

Telles sont les considérations qui durent frapper l’ardent et judicieux esprit du marquis de Jouffroy, lorsqu’il lui fut donné de connaître et d’étudier, dans les ateliers de Chaillot, la machine de Watt, que les frères Périer avaient importée de Birmingham.

Dès ce moment, ne conservant plus de doutes sur la possibilité pratique de la navigation par la vapeur, il ne s’occupa plus que des moyens de mettre ses idées à exécution.

Une circonstance imprévue vint lui en faciliter les moyens.

Le marquis de Jouffroy n’était pas le seul à qui fût venue, à cette époque, l’idée d’appliquer la pompe à feu à la navigation sur les rivières. Cette même idée s’était présentée à l’esprit de deux autres officiers, de deux autres gentilshommes ; car la noblesse de ce temps avait souvent, il faut le reconnaître, le sentiment des choses du progrès.

Ces deux gentilshommes étaient le comte Joseph d’Auxiron et le chevalier Charles Monnin de Follenai.