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son frère, un appareil qu’ils désignaient sous le nom de pyréolophore, et dans lequel l’air brusquement chauffé devait produire les effets de la vapeur.

L’illustre inventeur des chaudières tubulaires, M. Séguin aîné, neveu de Montgolfier, n’a jamais cessé de suivre la même pensée. Dès l’année 1838, M. Marc Séguin s’était occupé d’employer la vapeur dans ces conditions. Le 3 janvier 1855, il présenta à l’Académie des sciences son curieux projet de machine à vapeur pulmonaire, par laquelle il espère parvenir à restituer à la vapeur, avec d’immenses avantages, la chaleur qu’elle a perdue après chaque expansion périodique.

Enfin un ingénieur prussien établi en Angleterre, M. Siemens, a construit un appareil fondé sur le principe du réchauffement de la vapeur refroidie et détendue. Comme ce dernier système réalise une économie de près des deux tiers du combustible, le modèle de M. Siemens a été exécuté en Angleterre par MM. Fox et Henderson, sur une machine de la force de 100 chevaux.

La machine à vapeur régénérée de M. Siemens, figura à l’Exposition de 1855. Ce modèle était d’une force de 40 chevaux, et offrait les dispositions suivantes.

À côté du cylindre à vapeur se trouvent disposés deux autres cylindres plus petits. En sortant du grand cylindre où elle a exercé son action sur le piston, la vapeur est ramenée, en traversant des toiles métalliques, au fond des deux petits cylindres qui sont directement échauffés par la flamme de deux foyers. La vapeur, détendue dans le grand cylindre, dont le piston a un diamètre double de celui des pistons travailleurs, revient dans l’un ou l’autre des cylindres réchauffeurs, selon qu’elle a agi au-dessus ou au-dessous du grand piston. Dans cette machine, la vapeur passe successivement de 5 atmosphères, tension qu’elle atteint dans le fond des cylindres, à 1 atmosphère, tension à laquelle elle est réduite dans le grand cylindre, d’abord par son refroidissement à travers les toiles métalliques, ensuite par l’augmentation de volume due au diamètre du cylindre régénérateur. Les tiges des trois pistons viennent s’articuler sur une même manivelle.

On voit tout de suite l’extrême analogie qui existe entre la tentative de M. Siemens et celle de MM. Ericsson et Franchot. Ces derniers emploient toujours la même masse d’air alternativement échauffée et refroidie ; M. Siemens emploie toujours la même vapeur alternativement réchauffée et refroidie. Dans ces deux genres de machines, on obtient donc le mouvement par le changement successif de température et de volume d’un même gaz, qu’on échauffe et qu’on refroidit tour à tour ; et le moyen employé pour soustraire le calorique est le même dans les deux appareils, puisqu’il consiste dans l’interposition de toiles métalliques que traverse le gaz échauffé.

4o Machine à vapeur surchauffée. — Dans ces machines, la vapeur est dirigée, après sa formation, à travers un foyer, pour y acquérir une tension considérable par l’accumulation du calorique.

L’idée des machines à vapeur surchauffée, qui sont aujourd’hui tout à fait à leurs débuts, est venue pour la première fois, à la suite des belles expériences de M. Boutigny sur l’état sphéroïdal de l’eau. Ses idées furent développées et appliquées d’abord par M. Testud de Beauregard, qui n’obtint pourtant aucun succès pratique. Plus tard, MM. Galy-Cazalat et Isoard se sont surtout distingués dans cette voie. Ce dernier mécanicien a employé la vapeur d’eau à des tensions énormes. On peut encore citer comme s’étant occupés avec succès de la même question, MM. Séguin jeune, Belleville de Nancy, Hédiard et Clavière.

Deux Américains, MM. Wathered, avaient présenté à l’Exposition universelle de 1855, une machine à vapeur surchauffée, qui fut peu remarquée et qui méritait pourtant l’attention.