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en lâchant dans l’air, à l’aide d’un autre robinet, la vapeur qui remplissait le cylindre.

Le martelage, le cinglage, le laminage des fers, se font au moyen d’une machine spéciale appropriée à chacune de ces opérations. Le chariot qui dirige les grosses pièces sous le laminoir, fonctionne encore au moyen d’un simple cylindre à vapeur disposé particulièrement pour ce travail.

Tous ces faits caractérisent suffisamment et font comprendre l’espèce de révolution qui s’est opérée depuis quelque temps, dans le mode d’emploi de la vapeur.

Un autre principe nouveau, et qui tend à recevoir plus d’extension de jour en jour, consiste dans l’usage des grandes vitesses. La nécessité, qui se rencontre si souvent dans l’industrie, de réduire le poids et les dimensions des machines motrices, les avantages que procure cette réduction, ont amené à substituer aux machines d’un grand volume et d’une force considérable, des machines de dimensions plus faibles, mais produisant des mouvements infiniment plus rapides. Ainsi, dans les usines métallurgiques où l’on fond les métaux, en faisant usage de courants d’air puissants dirigés dans le foyer, au lieu d’employer des machines soufflantes marchant à un mètre par seconde, et qui exigent des cylindres à vapeur et des cylindres soufflants de très-grandes dimensions, on se sert de cylindres à vapeur plus petits, mais dans lesquels la vapeur, affluant par de larges orifices et agissant instantanément sur le piston, imprime à cet organe une vitesse quintuple et décuple du cas précédent.

Construites d’après ce principe, les machines à vapeur peuvent, avec des dimensions cinq ou six fois moindres, produire les mêmes effets mécaniques.

C’est le même principe qui a conduit à transmettre l’action du moteur principal à des arbres d’un petit volume, qui prennent dès lors des vitesses considérables. C’est parce qu’il permet de réaliser immédiatement les grandes vitesses, que le système des machines à vapeur rotatives nous paraît appelé à un certain avenir.

On a donné le nom, assez significatif, de trotteuses aux machines construites en vue de la production immédiate des grandes vitesses. M. Flaud construit, à Paris, des machines de ce genre, qui, produisant la force de vingt chevaux, n’occupent pas plus de place qu’une machine de deux à trois chevaux. Elles impriment au volant une vitesse de deux cent cinquante tours par minute.

Les machines dites trotteuses ont l’inconvénient de s’user assez promptement et d’être peu économiques, parce qu’elles admettent très-difficilement la détente ; mais elles rendent de grands services aux industries spéciales qui ont besoin de disposer d’un moteur puissant n’occupant qu’un très-petit espace et n’offrant que peu de masse, et par conséquent peu de poids.



CHAPITRE XIII

systèmes récents ayant pour but de modifier l’emploi de la vapeur comme force motrice. — machine à vapeurs combinées ou machine à éther. — machine à air chaud ou machine éricsson. — machine à vapeur régénérée. — machine à vapeur surchauffée. — théorie mécanique de la chaleur.

Pour terminer cette notice, nous devons signaler des travaux tout à fait contemporains, qui tendent à opérer une véritable révolution dans le système général des machines à vapeur. L’Exposition universelle de 1862 a fait connaître les résultats de cette tendance de la science actuelle à produire des systèmes de machines fondés sur des principes tout nouveaux, et qui, dans un intervalle plus ou moins éloigné, amèneront peut-être un changement radical dans le mode d’emploi de la vapeur. Nous ne signalerons qu’en peu de mots ces dispositions nouvelles, qui sont aujourd’hui plutôt à l’état d’étude qu’à celui d’exécution.