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Avec les machines de Watt ou de Wolf, pourvues d’un lourd volant et d’un énorme balancier, oscillant autour de son point d’appui, on a un véritable monument métallique architectural, avec soubassement, colonnes, chapiteaux, entablement, etc. Mais cette masse, élevée en l’air, est exposée à entraîner le dérangement de l’appareil, par le bris d’un support, la flexion d’une tige, l’inégale compressibilité du terrain, etc. De là, la nécessité, outre le prix considérable de l’achat et du premier établissement de cette machine, d’un soin et d’une surveillance assidus.

C’est pour parer à ces divers inconvénients, que l’on a pris le parti, après plusieurs essais plus ou moins timides, de coucher horizontalement le cylindre, qui avait toujours conservé jusque-là sa position verticale. Cette disposition réalise un grand nombre d’avantages. Supérieure à la précédente sous le rapport de la stabilité, la machine horizontale s’applique plus immédiatement à une multitude d’industries. Elle supprime le mécanisme intermédiaire pour la transmission des mouvements, et permet de faire agir directement la puissance mécanique sur l’outil, ou la résistance à vaincre. Faciles à établir, les machines horizontales permettent à l’ouvrier de les visiter à chaque instant, et de s’assurer de l’état de leurs différentes pièces. Enfin, leur prix est peu élevé, et elles reçoivent avec beaucoup de facilité l’adjonction de la détente ; ce qui les rend très-économiques dans l’emploi journalier. Le seul reproche qu’on leur adresse, c’est d’occuper beaucoup d’espace en longueur, et de ne pouvoir se prêter à la condensation, c’est-à-dire de marcher toujours forcément à haute pression.

La figure 69 (page 129), représente une machine à cylindre horizontal. B et C sont les deux capacités intérieures du corps de pompe, A le tuyau d’arrivée de vapeur, D le tiroir, e la tige du piston, conduite par deux galets, entre deux tringles parallèles, E la bielle articulée qui met en action la manivelle, et par suite le volant V et l’arbre de la machine.


Fig. 73.
Machine oscillante.
4o Machines oscillantes. — Dans ce genre de machines, qui diffèrent essentiellement des précédentes, on supprime la bielle, et l’on articule directement la tige du piston à la manivelle qui fait tourner l’arbre moteur. Pour rendre ce mécanisme applicable, il a fallu donner de la mobilité au cylindre à vapeur lui-même, afin que la tige de son piston pût toujours être dirigée suivant son axe, malgré les diverses positions de la manivelle. Voici comment on est parvenu à atteindre ce résultat, qu’il était assez difficile de réaliser.

On fait supporter le cylindre A (fig. 73) par deux tourillons E, autour desquels il oscille, en tournant tantôt à droite, tantôt à gauche. Pour que le piston puisse toujours donner au cylindre qu’il entraîne une position convenable, on munit sa tige de deux roulettes F, F, glissant entre deux tringles. Comme les tourillons E sont les seules parties du cylindre qui restent immobiles pendant le mouvement continuel de la machine, c’est par l’intérieur de l’un d’eux que s’introduit la vapeur arrivant de la chaudière ; la vapeur qui a cessé d’agir s’échappe par le tourillon opposé. Les tiroirs qui sont destinés à distribuer la vapeur, sont portés par le cylindre, et suivent ses mouvements.

Les machines oscillantes, construites pour la première fois en Angleterre, en 1817, par Manby, ont été importées en France par M. Cavé. Leur disposition est en elle-même défectueuse, car tout l’effet de résistance s’y trouve supporté par deux tourillons mobiles, tandis que la condition première d’une bonne