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LES PRIMITIFS FLAMANDS I45

L'arrivée de Gérard David à Bruges en 1483 marque une seconde période dans la carrière du maîlrc, une , période de transition, de recueillement, d'assimilation. Les chefs-d'œuvre de van Eyck, de Rogicr van der Weyden, de van der Goes, de Memlinc conservés à Bruges firent la plus profonde impression sur l'artiste ; il les étudia, les copia sans doute, les reproduisit en partie dans quelques-unes de ses œuvres, y chercha une discipline et une direction. Jean van Eyck lui apprit à préciser les formes individuelles des corps; mais Memlinc par ses visages surhumains et gra- cieux, ses compositions claires et rythmiques le toucha plus que tout autre, au point que l'histoire peut tenir Gérard David pour le grand disciple du peintre de la Châsse de sainte Ursule. Trois Madones dans la manière de Memlinc ouvrent précisément celle période intermédiaire (coll. Traumann à Madrid, coll. du baron de Béthune (i) à Bruges et musée de Berlin.) Citons encore de cette époque un Arbre de Jessé au musée de Lyon, une Piéta de la coll. Johnson de Philadelphie, une Adoration des "Rois de la Pinacothèque de Munich (2) et une Vierge du musée de Darmstadt qui s'entoure d'anges en lesquels on reconnaît les divins petits musiciens du Retable de l'Agneau (3).

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Rapidement l'artiste s'était initié aux grandeurs brugeoises et son art s'épanouit bientôt avec une définitive beauté. C'est une troisième époque, — époque de maturité, de synthèse. Bruges considéra sans doute très vite maître " Gheeraert ■> comme un artiste de premier plan et tout permet de croire que sa réputation y fut promptement établie. Le 14 janvier 14S4 il était admis dans la Gilde de Saint-Luc et il en devenait le quatrième juré quatre ans plus tard. C'est dans le courant de l'année 1488 que le maître exécuta à Bruges le premier travail dont on ait conservé mention ; il est d'une nature spéciale et montre l'heureuse vitalité des traditions qui maintenaient les travaux décoratifs au niveau de l'art. Les Brugeois s'étaient révoltés le 3i jan- vier 1488 contre Maximilien d'Autriche, l'avaient enfermé pendant un mois au Crae- nenburg de la Grand'Place et transporté ensuite dans une maison que Jean de Gros venait de faire construire. L'empereur fut gardé dix semaines dans cette nouvelle prison. On tâcha de la lui rendre agréable. Gérard David entreprit de peindre les grilles de fer qui fermaient les fenêtres de cette demeure de façon à ce qu'elles

(1) Plutôt de l'icole de David.

(2) Pour M. HuHn, oeuvre exécutée en collaboration par Gérard David et Jean Prévost. 0) La Vitrge de Darmitadt est plutôt une copie ancienne d'un original perdu.