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d’un Gérard David[1]. — Une Madone de la collection Matthys (Bruxelles) est à rapprocher de la Vierge de Francfort qu’écussonne la fleur florentine et la Vierge de la collection Mayer van den Berghe à Anvers (Fig. XXXV), d’un coloris assez riche, d’une exécution soignée mais un peu froide, est également l’un des bons exemplaires de ce groupe de Madones auquel ont collaboré de nombreux peintres impossibles à identifier et qui plongent l’érudition dans une perplexité sans fin…[2].

Bien que van der Weyden ne fût point un adepte résolu de la forte vérité objective du XVe siècle, il fut, semble-t-il, grand portraitiste et très apprécié comme tel. Mais voici que nous abordons l’un des chapitres les plus compliqués de l’histoire du maître et celui peut-être que la critique a le mieux réussi à embrouiller. Nous ne possédons en effet aucune effigie qui puisse être tenue pour une œuvre incontestable du grand Roger. Dès lors le jeu des hypothèses et des attributions a libre cours. Tâchons d’y mettre un peu d’ordre.

Au Musée d’Anvers est un curieux portrait de Philippe le Bon (Fig. XXXVI), sur fond vert, aux carnations blafardes, qui provient de Besançon et date de la fin du XVe siècle. Il faut y voir une réplique d’une œuvre perdue de Roger et dont une autre variante appartient à la maison royale d’Espagne. Une autre série de portraits du grand duc d’Occident, coiffé du chaperon à écharpe retombante, semble issue également d’un prototype perdu qu’aurait peint van der Weyden. Il en existe des variantes à Anvers, Lille, Windsor, au Louvre, à Londres. L’hospice de la Madeleine à Ath en possède une également, médiocre, sur fond d’or. La version du Musée d’Anvers (no 538) où le duc apparaît sur fond bleu, est d’un travail très soigné ; malheureusement des retouches au bout du nez et à l’œil gauche déparent l’œuvre. — Après avoir été le portraitiste de Philippe le Bon (1396-1467), Roger van der Weyden devint, semble-t-il, celui de Charles le Téméraire (1433-1477). Il existe au Musée de Bruxelles, un magnifique portrait d’un chevalier de la Toison d’Or (Fig. XXXVII), coiffé d’un bonnet brun et tenant de la main gauche une flèche, lequel chevalier fut pendant longtemps considéré comme étant le Téméraire représenté en roi du tir, — témoignage artistique et folklorique du soin que les ducs mettaient à flatter leurs sujets de Flandres, en assistant à leurs jeux populaires. Le portrait est de premier ordre ; ses carnations légèrement jaunâtres se détachent avec une finesse extrême sur le bleu sombre du fond. On le rapprochait d’un autre portrait de Charles le Téméraire conservé au Musée de Berlin et tout récemment encore on soulignait avec force les analogies qui existent entre les deux figures : « Même fond bleu uni, même port de tête,

  1. No 650 du Catalogne Wauters.
  2. Pour beaucoup de critiques le prototype de ces Madones serait de Thierry Bouts.