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parler de moi. Le récit touchant que vous m’avez fait de votre histoire, m’engage à vous communiquer quelques particularités de la mienne, que vous ignorez. »

Mistress Miller ayant montré un vif désir d’en être instruite, Jones lui raconta toutes ses aventures ; mais il n’y mêla pas une seule fois le nom de Sophie.

Il existe entre les cœurs honnêtes une sorte de sympathie qui leur inspire une prompte et mutuelle confiance. Mistress Miller ne douta point de la sincérité de Jones, et lui témoigna beaucoup de compassion et d’intérêt. Elle commençoit à lui faire quelques observations, lorsque Jones l’interrompit. L’heure de son rendez-vous approchoit, il la pria de permettre qu’il eût le soir avec lady Bellaston une seconde entrevue qui seroit, dit-il, la dernière dans sa maison. En même temps il l’assura que cette dame étoit une personne de distinction, et qu’il ne se passeroit rien entre eux que de très-innocent : or nous croyons fermement qu’il avoit l’intention de tenir sa parole.

Mistress Miller s’étant à la fin laissé gagner, Jones remonta dans sa chambre, où il attendit vainement lady Bellaston jusqu’à minuit.

Nous avons dit, et l’on a dû s’en apercevoir, que cette dame avoit une grande affection pour