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dance, monsieur Jones, j’ai droit de n’être point pressée, et je ne veux pas l’être.

— Ô ma Sophie, pourquoi me regarder d’un œil si sévère ? je ne vous presse point, je n’ose vous presser. Permettez cependant que je vous conjure encore une fois de fixer une époque. Songez combien l’amour est impatient.

— Un an peut-être.

— Ô ma Sophie ! c’est l’éternité.

— Peut-être un peu plus tôt. Je ne veux pas qu’on me tourmente. Si vos sentiments pour moi sont tels que je les désire, il me semble qu’à présent vous devez être tranquille.

— Tranquille ! Sophie, avec quelle froideur vous parlez du bonheur qui m’enivre !… Ô délicieuse pensée ! j’ai enfin la certitude qu’il viendra ce jour fortuné, où vous serez à moi, où libre de toute inquiétude, je goûterai le doux, le ravissant, l’ineffable plaisir de rendre ma Sophie heureuse !

— Eh bien, M. Jones, ce jour dépend de vous.

— Ô chère, adorable Sophie ! ces mots jettent le délire dans mon ame. Je dois, je veux remercier ces lèvres charmantes qui m’ont si doucement annoncé mon bonheur. » Il la saisit alors dans ses bras, et lui donna un baiser avec une