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— Vous n’auriez pas cru m’obliger, je pense, si vous aviez su que M. Jones étoit mon neveu.

— Il ne me convenoit point, monsieur, de paroître instruit d’un secret que vous sembliez vouloir cacher.

— Commentn vous saviez donc…?

— Si vous m’ordonnez de vous dire la vérité, je vous obéirai. Oui, monsieur, je savois depuis long-temps que M. Jones étoit votre neveu. Je l’appris par les dernières paroles que m’adressa madame Blifil, lorsque étant seul près de son lit elle me remit la lettre que je vous portai de sa part.

— Quelle lettre ?

— La lettre, monsieur, que j’apportai de Salisbury, et que je remis entre les mains de M. Blifil.

— Ô ciel !… Eh bien, quelles furent les dernières paroles de ma sœur ?

— Elle me prit la main, et me donnant la lettre, elle m’adressa ces mots d’une voix défaillante : « À peine sais-je ce que j’ai écrit. Dites à mon frère que Jones est son neveu… il est mon fils. Dieu le bénisse. » Elle tomba alors en foiblesse. J’appelai du secours ; elle ne recouvra pas la parole, et peu de minutes après elle expira.

M. Allworthy leva les yeux au ciel, et garda un instant le silence : « Qui vous empêcha, monsieur, dit-il à Dowling, d’exécuter les ordres de ma sœur ?