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fait principal qui vous a déterminé à le chasser de chez vous, je vous jure qu’il en est innocent, et que vous avez été trompé par un faux rapport. Lorsqu’on vous croyoit prêt à rendre le dernier soupir, lui seul dans votre maison, témoigna une douleur sincère. Ce qui se passa ensuite fut l’effet des transports de joie que lui causoit votre rétablissement, et je le dis à regret, de la noire méchanceté d’un autre : mais je me propose de justifier l’innocent, sans vouloir accuser personne. N’en doutez pas, mon ami, ce jeune homme est doué de l’ame la plus généreuse, la plus pure, la plus sensible à l’amitié, en un mot de toutes les vertus qui peuvent ennoblir une créature humaine. Il a quelques défauts, mais on ne sauroit lui reprocher le moindre manque de respect, ou de reconnoissance envers vous. Que dis-je ? au moment où vous le bannîtes de votre présence, je suis convaincu que son cœur souffrit beaucoup plus pour vous que pour lui même.

« Un vil et coupable intérêt m’a engagé à vous taire si long-temps ce secret. Je ne puis avoir aujourd’hui d’autre raison de le révéler, que le désir de rendre hommage à la vérité, de venger l’innocence, et de réparer mes torts autant qu’il dépend de moi. Cette déclaration produira, je l’espère, l’effet que j’en attends. Le bonheur d’apprendre avant de mourir, que vous avez rendu vos bon-