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Western, qui la connoissoit de longue main, la mena ensuite chez sa tante. Celle-ci lui fit un accueil plus poli, mais non pas plus tendre ; ou pour mieux dire la rudoya d’une autre façon. En un mot, mistress Fitz-Patrick sortit de chez l’un et l’autre, bien convaincue que son projet de réconciliation avec sa famille avoit entièrement échoué, et qu’elle devoit renoncer pour jamais à l’espoir d’atteindre le but qu’elle s’étoit proposé. Dès lors le désir de la vengeance remplit seul son cœur ; et dans cette disposition, la rencontre qu’elle fit de Jones à la comédie lui parut une excellente occasion de satisfaire son ressentiment.

On se souvient d’avoir vu dans le récit de ses aventures, que mistress Western s’étoit prise autrefois à Bath d’une belle passion pour M. Fitz-Patrick, et que le dépit d’avoir été sa dupe étoit aux yeux de mistress Fitz-Patrick la source de l’implacable haine que sa tante nourrissoit contre elle. Il lui sembla donc très-vraisemblable que la bonne dame recevroit aussi volontiers les hommages de Jones, qu’elle avoit reçu autrefois ceux de l’Irlandois. L’avantage de la figure étoit évidemment du côté de Jones ; et elle pensoit (sans qu’on puisse dire à quel point elle avoit raison) que le progrès de l’âge chez sa tante étoit moins contraire que favorable à son dessein.