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conviendra. Cependant je voudrois qu’on ne la montrât qu’à miss Western, et encore si les circonstances l’exigent.

— Fort bien ; et dites-moi, comment traitâtes-vous le téméraire ?

— Pas en mari. Je ne suis point mariée, je vous le jure, ma chère. J’ai goûté une fois, vous le savez, les douceurs du mariage, et je pense que c’est bien assez pour une femme raisonnable. »

Lady Bellaston jugea que cette lettre produiroit sur Sophie un effet défavorable à son amant, et elle se sentit encouragée à s’en dessaisir, tant par l’espoir du prochain éloignement de Jones, que par la certitude qu’elle avoit acquise de l’entier dévouement d’Honora à ses intérêts.

On pourra s’étonner qu’ennemie jurée de Sophie, elle pressât avec tant d’ardeur un mariage si avantageux pour sa cousine ; mais qu’on prenne la peine de consulter le livre de la nature humaine ; on y trouvera écrit, vers la dernière page, et en caractères presque illisibles, que les femmes, malgré le despotisme de la plupart des mères et des tantes, lorsqu’il s’agit de mariage, regardent comme un tel malheur d’être contrariées dans leurs penchants amoureux, qu’elles n’imaginent pas un plus puissant motif de ressentiment. On y verra encore, à peu près au même endroit, qu’une femme qui a joui du plaisir d’avoir un