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le courroux de sa famille. Elle résolut donc, après de mûres réflexions, d’instruire sa tante Western du lieu où étoit Sophie, et lui adressa la lettre suivante, que nous rapporterons tout entière pour plus d’une raison :

« Madame,

« Le motif qui me détermine à écrire cette lettre la rendra peut-être agréable à ma chère tante ; j’ose au moins m’en flatter par rapport à l’une de ses nièces, si je n’ai pas le même espoir pour ce qui concerne l’autre.

« Je vous dirai sans plus de préambule, qu’au moment où, accablée sous le poids du malheur, j’allois me jeter à vos pieds, j’ai rencontré par un singulier hasard, ma cousine Sophie dont vous connoissez l’histoire mieux que moi, quoiqu’hélas ! je ne la connoisse que trop bien. Oui, j’en sais assez pour être convaincue que si l’on ne se hâte de l’arrêter, elle va se précipiter dans l’abîme où je suis tombée, pour avoir rejeté avec autant d’imprévoyance que de folie vos salutaires conseils.

« En un mot, j’ai vu le jeune homme dont elle est éprise. J’ai même passé hier avec lui une partie de la journée ; je vous assure qu’il est charmant. Vous dire comment je l’ai connu, seroit un