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plus prosélyte déclarée de la fameuse secte fondée jadis par Xantippe : ce qui la rendoit plus redoutable dans l’école, que son mari même. À dire vrai, ni là, ni ailleurs, le pauvre homme n’étoit jamais le maître en sa présence.

Quoique la physionomie de cette femme annonçât peu de douceur naturelle, il étoit possible que son humeur fût aigrie par une circonstance, qui empoisonne d’ordinaire la félicité conjugale. On a dit avec raison des enfants, qu’ils sont les gages de l’amour : or, depuis neuf ans d’union, elle ignoroit le bonheur d’être mère, sans qu’elle pût accuser de cette disgrace, ni l’âge, ni la complexion de son mari, qui ne comptoit pas encore trente ans, et avoit la réputation d’être ce qu’on appelle un bon vivant.

De là naissoit pour lui un nouveau sujet de trouble et d’affliction. Sa moitié se montroit si jalouse, qu’à peine osoit-il parler à une femme du village. La moindre prévenance, la plus simple politesse envers une personne du sexe, attiroit aussitôt sur elle et sur lui un violent orage.

Pour se préserver des infidélités de son mari, dans sa propre maison, notre moderne Xantippe avoit toujours soin de choisir ses servan-

    sa mort précoce et misérable. Les Anglois ont une sorte d’idolâtrie pour cet artiste, dont ils payent les ouvrages au poids de l’or. Trad.