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Luc rayonnait en entendant ces mots.

Quant à Balor et Dormont, ils trouvaient suprêmement élégante la tournure de de Blave et copiaient de leur mieux sa manière de tenir une canne ou de saluer.

Le quatrième jour après l’arrivée de Roger de Blave, les circonstances changèrent brusquement.

Le jeune veuf fut heurté par une automobile, fut renversé et se cassa la jambe.

C’est encore un accident sympathique parce qu’il est relativement nouveau. Chacun plaignit affreusement le jeune homme dont l’auréole de mari fidèle rehaussait la notoriété.

On s’empressa. Tout ce que Vichy possédait de personnalités mondaines défila à son hôtel pour demander de ses nouvelles. On admirait l’indulgence du blessé qui ne voulait pas inquiéter le chauffeur cause du méfait.

On exaltait son amour filial qui résistait à ce que l’on prévînt sa mère et on le félicita de son courage à supporter ses souffrances. Elles n’étaient pas dures, heureusement, sa cassure étant des moins graves.

Au bout de deux jours, cette effervescence se calma, et Roger de Blave se trouva seul dans sa chambre de malade avec ses intimes, c’est-à-dire deux ou trois vieux ménages, amis de sa mère, et Madame Bullot avec les Foubry.

Le colonel venait faire des parties d’échecs avec Roger, mais on ne peut concentrer sa pensée toute une journée sur un échiquier et il y eut des moments de loisir où la jeunesse reprenait ses droits, et ces droits c’était la gaîté et la vue d’un peu de mouvement.

Roger demanda à Madame Bullot de lui amener le groupe en masse ou isolément et bientôt sa chambre devint le centre.

On y passait en courant, ou on s’y reposait.

Sylviane entrait, Annette arrivait, racontant les derniers potins pour amuser Roger.

Les Dormont et Balor se montraient aussi, empressés et inséparables. Des fillettes et des garçonnets y venaient faire une courte pause.