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mement à mademoiselle Foubry, et quand il reprit l’entretien ce fut sur des sujets impersonnels.

Alors qu’ils se trouvaient dans le feu d’une discussion sur la musique, Luc entra.

Il eut un tressaillement quand il aperçut Roger de Blave qu’il ne connaissait pas. Les présentations furent faites et les deux hommes échangèrent quelques mots.

À dire vrai, Luc ne se montrait nullement enchanté de la sympathie qui semblait lier le nouveau venu à la jeune fille qu’il aimait. Il aurait voulu que l’existence de Sylviane commençât au moment où il s’était épris d’elle.

Ces souvenirs évoqués, ces connaissances en commun l’exaspéraient et il trouvait stupide de ne pouvoir rien rappeler avec Sylviane que cette comédie malencontreuse où il jouait un rôle si ingrat, tourné à son désavantage.

Il examinait Roger et n’était pas sans s’apercevoir des regards qu’il jetait sur mademoiselle Foubry.

Madame Bullot qui laissait parler les trois jeunes gens n’en avait que plus de temps pour observer les visages, et le résultat de ses constatations n’était pas fameux.

Le front soucieux de Luc, les yeux pénétrants de Roger, et l’effort de Sylviane pour ne marquer nulle différence entre les deux hommes, ne lui présageaient rien de bon.

Elle estimait que Vichy devenait une arène trop fréquentée et elle regrettait d’y être venue.

Elle craignait une responsabilité dans les événements futurs.

Les jours qui suivirent parurent démentir cette appréhension.

Roger de Blave se mêlait peu au groupe. On l’entrevoyait de temps à autre, et Annette franche, qui n’attendait jamais qu’on lui demandât sa façon de penser, dit :

— Notre beau veuf est décidément fidèle et inconsolable. Depuis trois jours qu’il est ici, il est resté avec nous, une demi-heure en tout.