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jeune veuf était entré dans les Ordres comme on l’avait annoncé un moment !… On commençait à voir un peu clair dans notre affaire… pourvu qu’elle ne se brouille pas de nouveau…

La vieille dame poussa un soupir et prit un livre en attendant la visite de ses amis.


VI


Le lendemain, Roger de Blave arriva. Par égard pour sa mère, il ne perdit pas de temps pour aller présenter ses hommages à Madame Bullot.

C’était un homme plein de qualités. D’une nature affectueuse, il regrettait sa jeune femme, mais son âme s’élevait au-dessus des contingences terrestres et sans en parler, il visait un dessein : entrer dans un monastère.

Il jouissait donc du monde d’une manière toute désintéressée, comme un voyageur qui contemple du but qu’il a atteint, la vallée qui se déroule devant lui. On avait quelque peu deviné son intention, mais comme le temps passait sans qu’elle se réalisât, on s’imaginait que son idée avait varié.

Il présentait donc les apparences d’un inconsolable mais qui restait aimable et charmeur. Il semblait prodiguer son sourire et lui seul savait que toute cette grâce était une sorte de chant du cygne.

Bien des jeunes filles s’avouaient émues de ce cas exceptionnel, d’autant plus que Roger de Blave possédait une physionomie capable d’attirer l’attention.

Mince, élégant, une démarche souple, des traits réguliers avec des yeux profonds sous des cheveux blonds, il forçait les regards, mais ne les apercevait pas.

Il négligeait volontiers les réunions et se contentait des vieux amis de sa famille.

Il fut heureux de retrouver Madame Bullot.

— Alors… chère Madame… nous voici compagnons de régime…

— J’en suis charmée pour moi… mais je le regrette pour vous…