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Quel bon sommeil peuplé de gaîté et de rêve, ils eurent !…

Au réveil, chacun s’habilla avec soin, faisant des frais de toilette, comme jamais ils ne se l’étaient permis de peur de s’attirer les sarcasmes de l’autre.

« À nous deux… Sylviane ! » murmurait Francis, tout en procédant à un nœud de cravate artistique…

« Il faut vaincre » chantonnait dans sa chambre le bon Louis, et il regardait ses souliers vernis qui brillaient comme un miroir.

Prêts tous deux, avec un battement de cœur, à l’idée de la lutte à poursuivre, ils franchirent le seuil de leur porte.

À la table d’hôte, ils se rencontrèrent…

— Toi !

— Toi !

— Je t’ai cherché…

— Je ne t’ai pas trouvé…

— Alors ?

— J’avais oublié mon parapluie ici… figure-toi…

— Et moi… mon fume-cigarettes…

Chacun se détourna, honteux de ces prétextes auxquels ils ne croyaient pas, et furieux aussi de l’entêtement qu’ils se découvraient mutuellement.

Le sort en était jeté. Ils devaient tenter leurs chances ensemble.

Il fut fort heureux qu’Annette Logral ne connût pas cette histoire, parce qu’elle s’en serait follement amusée et n’aurait pu se tenir de la répandre parmi ses amis…

Le personnel de l’hôtel ne s’appesantit pas sur ces départs et retours étranges, les deux rivaux ayant fait entrevoir que leur voyage ne durerait que quelques heures.

Pendant que cette comédie se passait, la promenade projetée s’accomplissait.

Sylviane et Annette goûtaient les splendeurs d’une nature égayée par le soleil, et se livraient à une douce nonchalance.

Madame Bullot était ravie de retrouver Sylviane