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V


Le lendemain, Sylviane s’était reprise. Elle blâma le moment de faiblesse qu’elle avait eu et se montra plus enjouée.

Son père et sa mère admiraient son énergie et le colonel disait à sa femme :

— Elle aura sa revanche. Dieu la lui garde, il est impossible qu’il en soit autrement.

Madame Foubry vivait de cet espoir.

Cependant, craignant que la vue incessante de Luc ne ravivât le souvenir de la scène pénible, elle offrit à Sylviane d’écourter le séjour de Vichy, mais la jeune fille s’y refusa, ne voulant pas avoir l’air de fuir. Sa sérénité était reconquise. L’approbation de ses parents la rendait plus forte et elle se mêlait de nouveau au monde avec sa grâce habituelle.

Annette la fréquentait beaucoup, mais Sylviane ne pouvait se défendre à son égard d’une certaine arrière-pensée et parfois, elle essayait de se soustraire à sa compagnie.

Annette ne s’apercevait pas de ces intentions. Ayant la conscience pure. Elle remarquait bien que sa nouvelle amie évitait de se lier trop intimement avec elle, mais elle la voyait tellement entourée, qu’elle comprenait qu’un peu de solitude lui fut nécessaire de temps à autre.

Sylviane ne s’expliquait pas l’accord qui régnait entre Annette et Luc. Elle ne pouvait analyser ce sentiment. Il lui semblait quelquefois que l’amour n’était pour rien, mais elle constatait cependant une entente puissante qui les rapprochait.

Elle s’y perdait.

Mais elle ne laissait rien transparaître de ces agitations que sa peine grossissait. Elle acceptait ces minutes pénibles comme une fatalité, et essayait d’élever son âme plus haut que les misères.

Cependant, elle comptait les jours qui la séparaient du départ, Vichy commençait à lui devenir un supplice qu’elle n’avouait pas.